Il faut toujours distinguer entre la posture et la crise qui l'a engendrée. D'un côté, Jean-Luc Mélenchon et ses insoumis ferraillent sans arrêt au nom d'institutions qu'ils jugent illégitimes et qui, comme des moules déformés, auraient produit la victoire encore moins légitime d'Emmanuel Macron ; de l'autre, des syndicats qui ont réagi chacun au nom de ses propres idées au nouveau code du travail, mais ne peuvent pas se mettre d'accord sur une ligne unitaire. S'ils voient tous de graves défauts à la réforme, ce ne sont pas les mêmes : la CFDT voudrait garder du texte ce que la CGT rejette le plus violemment, pour ne prendre que cet exemple. La semaine dernière, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a tendu la main à la CFDT et à FO, mais il n'existe aucun point commun dans leurs analyses, et donc dans le sens de leur combat. Sauf peut-être une lueur timide dans les arrières-pensées de Laurent Berger et de Jean-Claude Mailly : ils ne sont pas convaincus, au fond d'eux-mêmes, que s'opposer correspond à la bonne conduite.
Dans la fureur de ces mouvements répétés, dans la menace que les routiers font peser dès ce matin, dans la peur qu'inspire un calendrier aux multiples batailles annoncées, il y a donc la posture et le plan de communication. Personne n'en est dupe, mais comme les cyclones, les soulèvements sociaux s'auto-alimentent de la fièvre qui les a fait naître. Or on ne discerne pas vraiment le plan du pouvoir pour résister à la tempête. La semaine dernière, les routiers sont venus à Matignon, mais il n'y a pas eu d'accord. Sans doute parce que le Premier ministre n'était pas en mesure de leur offrir une exception injuste au code du travail, lui qui veut mettre un terme aux passe-droits et aux privilèges. Le résultat est clair : un bras-de-fer aura lieu cette semaine dont le gouvernement ne sortira vainqueur que s'il empêche le blocage des dépôts de carburants par les grévistes. On a énoncé le droit dans chaque crise ; on a rappelé que la grève est autorisée mais pas la paralysie de ceux qui veulent travailler. La règle, pourtant, est bien rarement respectée.
Un échec serait celui du pays
Emmanuel Macron et Edouard Philippe s'attendent donc à une explication où ils ont beaucoup à perdre. Il s'agit moins de leur popularité, déjà basse, que de leur capacité à progresser. S'ils prennent cette colline, la voie sera ouverte aux autres réformes. S'ils n'y parviennent pas, leur programme risque bien d'être bloqué pendant le reste du mandat du président. On ne les plaindra pas. Leur longévité politique n'est pas le problème. Ils ont commis, à ce jour, autant d'erreurs qu'ils ont accompli d'actes. Leur goût pour l'excellence aurait dû les conduire à plus de perfection. Mais on ne peut pas non plus voir le navire qui tangue sans se demander s'il va couler. Et alors, qui seront les bénéficiaires de ce nouvel échec national ? Sûrement pas ceux qui protestent avec tant de virulence. Malgré tout ce que l'on sait de la pusillanimité, des caprices et des foucades de ce peuple, on est toujours surpris de ce qu'il ne veuille pas donner à ceux qui viennent d'être élus le temps de faire leurs preuves.
La réforme du code du travail n'est que le début d'un ensemble de « transformations » censées apporter au fonctionnement du pays une sorte d'harmonie. Comment protester quand le système que l'on défend produit des millions de chômeurs ? Comment s'opposer quand la phraséologie de l'opposition se nomme « coup d'Etat social » et qu'elle est assortie, à l'extrême gauche comme à l'extrême droite, de propositions suicidaires ? Comment croire ceux qui livrent bataille contre la réforme quand ils ne cachent pas leurs propres ambitions ou quand ils défendent, bien plus que l'intérêt général, celui de leur syndicat ou mieux encore, leur propre position au sein de ce syndicat ? Non seulement la pire des grèves ne ferait pas tomber le président, mais qu'ont-ils à offrir au pays sinon un repli sur soi qui le condamnerait au déclin pour des décennies ?
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