FRANçOIS FILLON était censé intervenir sur TFI mercredi dernier. Nicolas Sarkozy, qui venait de prononcer un discours, le matin, pour accuser réception du message des électeurs, lui a demandé de s’abstenir. Forte houle sur Internet et dans la presse : les deux hommes seraient au bord de la rupture. Le malheureux Fillon a été contraint, une fois de plus, à réaffirmer, dans un discours devant le Sénat, qu’il n’y avait pas une feuille de papier à cigarette entre le président et lui, et insisté sur sa loyauté, qui ne s’est pas démentie depuis trois ans. M. Sarkozy, décidément bien ombrageux, et jaloux de la popularité de M. Fillon au point de le laisser paraître, aurait pu éviter ce couac à une majorité que les régionales ont mise K.O. et qui doit plutôt faire face à la curée de ses ennemis où qu’ils se trouvent. Mais bon, M. Fillon est assez populaire pour avoir l’ambition, lui aussi, d’un grand destin.
Le Parti socialiste et les écologistes ont tout lieu de se réjouir de l’affaiblissement de la majorité, de son désarroi visible, de la confiance que leur accorde désormais une bonne fraction de l’électorat. Martine Aubry ne manque pas de sagesse qui sait que la victoire est fragile, que les Verts sont des partenaires capricieux et incertains, que la question du leadership du Parti est loin d’être réglée. Elle a d’autant plus raison que Ségolène Royal refait quelques apparitions pour tenir des propos dont la subtilité confine à l’hermétisme. Mme Royal n’est pas candidate pour le moment, pourrait l’être un jour, mais ne l’est pas encore et n’est pas certaine de l’être tout de suite, bientôt ou plus tard. Beaucoup de mots pour cacher son nez sur son beau visage : elle est évidemment candidate et attend seulement le moment propice pour l’annoncer. Comme le dit Mme Aubry elle-même, Ségolène (qui n’a pas participé à la photo de tous les présidents de région de gauche) n’est pas là, elle est ailleurs. Probablement dans cet espace intersidéral où le MoDem échappe désormais au plus performant des téléscopes. Mais l’on verra que Mme Royal sera tout de même la reine du comeback.
On n’est pas loin de penser que les partis tirent plus d’espoir des difficultés de leurs concurrents que de leurs propres forces. Non qu’il faille un seul instant relativiser la magnifique victoire de la gauche aux régionales. Non que M. Sarkozy eût raison de dire qu’elle n’entraînerait que des conséquences régionales. Non que l’on puisse nier que la gauche, depuis le 21 mars, tient enfin une chance réelle de l’emporter dans des élections nationales. Mais enfin le chemin qu’elle doit parcourir est très ardu.
À droite, M. de Villepin sera-t-il candidat ? S’il y avait beaucoup de monde dans la pièce où il s’est investi lui-même d’une responsabilité nationale, s’il y en a encore sur les réseaux Internet, cela ne fait pas encore un groupe assez puissant pour terrasser des partis bien installés. On compare la démarche de Villepin à celle de François Bayrou, c’est une association d’idées assassine : chacun sait ce qu’il est advenu des hautes ambitions du président du MoDem. En revanche, l’ancien Premier ministre peut pousser son avantage jusqu’à devenir le Chevènement de 2012, c’est-à-dire enlever assez de suffrages à Sarkozy pour que le président sortant ne franchisse pas le cap du premier tour (le fameux 21 avril à l’envers). Perspective terrifiante pour le chef de l’État (qui aurait dû y penser avant d’accabler M. de Villepin) et aussi pour toute la droite. Les plus sages de l’UMP, par exemple Jean-Pierre Raffarin, ne manqueront pas de le rappeler au politicien-poète.
Des projets, des projets!
On a envie de crier : des projets, des projets ! On a envie de leur rappeler, la dette, les déficits, le chômage. De l’urgence de mesures qui ne sont pas prises. Dominique de Villepin est le seul à nous en parler en proposant des dispositions fiscales auxquelles M. Sarkozy devrait songer. Bref, on voudrait autre chose. On voudrait un président qui cesse de brimer son Premier ministre, une opposition qui établisse un projet de gouvernement court, clair et contenant la preuve de son efficacité. On voudrait un président qui s’adresserait au peuple pour lui dire ceci : « J’ai été élu sur un programme dont j’ai mis en œuvre quelques chapitres. Mon souci est de moderniser la France. Je n’y renonce pas. Mais, entre-temps, la crise est passée par là, laissant d’énormes trous dans le tissu social du pays, aggravant les inégalités, jetant des familles à la rue. Si la solidarité a un sens, c’est celui d’un meilleur partage des souffrances. Il n’est pas monstrueux de demander à ceux qui ont peu souffert de la crise de voler au secours des autres. En payant leur écot. »
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