FAUT-IL PLAINDRE Ali Soumaré ? Tête de liste socialiste dans le Val d’Oise, il a été attaqué, pour son passé de délinquant, par le maire de Franconville, Francis Delattre. Sur les faits qui sont reprochés à M. Soumaré, un au moins a été commis par un homonyme, ce qui a permis à la gauche de déverser sur la droite d’innombrables épithètes. Soutenu par son camp, M. Delattre a tout de même reconnu qu’il avait attribué à tort à M. Soumaré un délit dont il n’était pas coupable et il lui a présenté ses excuses. Malheureusement pour la droite, il avait ouvert la boîte de Pandore. Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a exprimé le souhait que l’on en revienne aux dossiers, il n’a guère été entendu par la gauche. Martine Aubry a dénoncé « des attaques ingominieuses et nauséabondes », Michel Sapin a parlé de « méthodes de malpropres » et Pierre Moscovici de « campagne de caniveau ». On espère que le week end aura calmé les esprits, mais on n’en est pas sûr.
La gauche, en effet, a fait de cette affaire un sujet de fond : elle affirme que M. Soumaré n’aurait jamais subi de telles attaques s’il n’avait été noir. Fadela Amara, membre du gouvernement, a rappelé que M. Soumaré a « calmé le jeu » lors des émeutes de 2005 dans les banlieues. Il est vrai que les chefs de la droite n’ont même pas cherché à être politiquement corrects et qu’ils ont eu tôt fait de réduire M. Soumaré aux délits pour lesquels il a été poursuivi. Si l’on en croit Mme Amara, ce serait un homme particulièrement utile dans l’application d’un programme pour les banlieues. Il aurait donc une compétence.
Est-il vraiment important de savoir qui a tort et qui a raison ? Un candidat au suffrage universel devrait avoir un casier judiciaire vierge, la couleur de sa peau ne suffisant pas excuser ses comportements antérieurs. Il se trouve que, au moment où la droite déconcertée par son erreur a voulu lâcher prise, ses méthodes se sont retournées contre elle. Comment M. Delattre a-t-il obtenu ses renseignements sur M. Soumaré ? A-t-il vu des fichiers dont l’accès est interdit ? Bénéficie-t-il de complicités dans la police ou dans la justice ? Bref, l’héroïsme est du côté du déliquant repenti, le crime chez ceux qui le dénoncent. Comme la contre-offensive socialiste s’est poursuivie, l’UMP a continué à se défendre et donc à maintenir une partie de ses accusations contre M. Soumaré.
Un encouragement à l’abstention.
C’est consternant, car le scrutin des régionales mérite un tout autre débat, notamment sur la lutte contre le chômage, les dépenses des collectivités locales, le financement des budgets sociaux. Or le parti socialiste a décidé d’assumer le choix de M. Soumaré pour le Val d’Oise et ce sont les électeurs qui trancheront. À quoi bon se lancer des invectives assez excessives pour perdre oute signification ? L’UMP, dans le cas de M. Soumaré, a peut-être été perverse, mais les termes « ignominieux » et « nauséabond » (tellement utilisé à propos de tout et de rien qu’il faudrait l’abandonner) devraient être réservés à des actes plus répréhensibles. L’opération de l’UMP aurait-elle réussi qu’elle n’aurait pas suffi à lui donner l’Île-de-France. M. Soumaré se serait-il retiré que le PS n’aurait pas perdu la région. Certes, il est regrettable qu’un homme soit accablé par des révélations dont une partie est fausse, mais rien ne dit qu’il ne sera pas élu, même si la polémique se poursuit jusqu’au 14 mars.
Les partis politiques, toutes tendances confondues, feraient bien de se rappeler que les élections régionales donnent lieu à une forte abstention (près de 50 %, selon des sondages). L’affaire Soumaré n’encouragera pas les électeurs à se rendre aux urnes. Elle aura pour seul effet de renforcer les convictions des uns et des autres : les racistes y verront une raison de plus, aussi fallacieux qu’il soit, à la haine qu’ils éprouvent, les défenseurs des minorités y trouveront la preuve que la droite est incorrigible : dans la panique, elle révèle un trait d’intolérance que, dans le discours quotidien, elle s’efforce de cacher. Plus la polémique dure, plus elle est détestable.
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