Un premier thème, véritable leitmotiv, peut être retenu : Alain Finkielkraut n’a pas changé, c’est la gauche qui s’est transformée quand l’antiracisme a pris le relais de l’antifascisme. Le philosophe voit une grande cohérence dans ses œuvres, du « Nouveau Désordre amoureux » (1977) écrit avec Pascal Bruckner, où on le découvre étonnamment léger, à « En terrain miné » (2017), sa correspondance avec Élisabeth de Fontenay. Et dans ses interviews.
Ainsi, il ne varie pas d’un iota quant aux événements qui agitèrent la France. « En Mai 68, je suis porté par la vague. Ce que je retiens, c’est le mimétisme. Nous nous sommes imités les uns les autres. » Et pour ce qui est du temps présent, comme il l’explique dans un « entretien vérité » à « l’Obs » du 19 septembre, « la gauche aurait encore un sens pour moi si elle n’avait pas abandonné l’école, la république, la nation, la sécurité », au profit d’une fascination pour un pays ethnico-multicolore et un modernisme signe de la fameuse « Défaite de la pensée » (livre publié en 1987).
On retrouve la même constance dans ses positions lorsqu’il s’agit du judaïsme en général et d’Israël en particulier. « Après avoir reproché aux juifs d’être de nulle part, on leur reproche aujourd’hui de s’ancrer quelque part », affirme-t-il, lui qui est souvent pris à partie lors de manifestations (mais n’est-il pas allé de lui-même face à l’ennemi, parfois ?). « C’est pour moi un continuel sujet d’émerveillement de voir le minuscule État où s’expriment toutes les dissensions de l’âme juive tenir tête depuis sa naissance aux ennemis qui l’entourent », dit-il encore à « l’Obs ».
C’est toujours avec constance qu’il analyse aussi l’actualité, et là encore il sait bien qu’il recueillera pas mal d’attaques lorsqu’il déclare : « Je me sens plus proche d’Élisabeth Badinter et de Mona Ozouf que de la femme qui a inventé “Balance ton porc”. » Mais, refusant de voir le psychologisme se refermer sur lui, il assure : « Peu importent mes histoires, mes secrets, ma névrose, mon caractère, le vrai que je cherche toujours est le vrai du réel. »
Alain Finkielkraut, « À la première personne », Gallimard, 128 p., 14 €* « Répliques », titre de son émission sur France Culture depuis 1985 (le samedi matin)
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