LA PÉRIODE actuelle est marquée par la contestation systématique du « scientifique ». Les experts et les chercheurs les plus qualifiés sont pointés du doigt, mis au pilori, accusés de conflits d’intérêts de toute sorte. En résumé, d’être les acteurs d’une science sans conscience. « C’est la prime à l’ignorance et à l’obscurantisme », s’alarme l’écrivain Erik Orsenna, invité de la 25e Journée de l’Ordre des pharmaciens. « Nous vivons aujourd’hui dans une atmosphère de soupçon généralisé, de théorie du complot et de remise en cause du savoir extrêmement inquiétante », poursuit l’académicien. Car, à terme, craint-il, le risque de recul de la connaissance scientifique est réel. Il suffit de lire les magazines pour s’en convaincre. Semaine après semaine, les « Une » nous font trembler. Les nanoparticules ? Nocives pour l’homme et l’environnement ! Les OGM ? Toxiques ! L’alimentation ? Empoisonnée ! Les médicaments ? Inutiles ou mortels !
Pourtant, la réalité semble plus subtile. Tout n’est pas blanc, mais tout n’est pas noir non plus. Par exemple, sur les OGM, estime Erik Orsenna, il faudrait avant tout s’attacher à mettre sur la table les avancées et les risques de ces produits et, ensuite, proposer au Parlement de prendre ses responsabilités. Mais le principe de précaution, désormais constitutionnel, est passé par là. Fermant du même coup la porte au débat et à la discussion sur tous ces sujets, tant scientifiques que de société. « Qu’il y ait une nécessaire précaution, c’est la moindre des choses », souligne Erik Orsenna, mais elle est aujourd’hui trop contraignante. À l’époque, si le principe de précaution constitutionnalisé avait existé, « Pasteur n’aurait jamais pu traiter le petit berger alsacien », fait-il remarquer.
La présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, ne supporte pas non plus cette atmosphère de suspicion permanente qui entoure les produits de santé. « Bien sûr la réévaluation du rapport bénéfice/risque d’un médicament doit être permanente, explique-t-elle. Bien sûr les contrôles doivent être efficaces et transparents. Mais un siècle de progrès immenses sont aujourd’hui menacés par cette diffamation irrationnelle. » Et, au final, ce sont les patients qui en font les frais. Car, pour Isabelle Adenot, les contre-vérités distillées ça et là poussent les malades à douter de leur traitement, voire à les arrêter « pour se précipiter chez des charlatans ». Charlatan, vous avez dit charlatan ? Dans ce climat ambiant, certains médecins n’en sont pas loin. Prenez cette ordonnance - authentique - d’un « spécialiste en médecine générale » (comme il se présente). À la fin de sa prescription, il inscrit en gros caractères à l’attention de son patient, avec quelques fautes au passage : « Le pharmacien peut substituer des génériques ou des contrefaçons à vos médicaments. Vous pouvez légalement vous y opposer, mais vous y perdez certains avantages financiers. » Certains s’opposent ainsi au droit de substitution des pharmaciens. Il paraîtrait tout aussi légitime de s’opposer au droit de prescrire de certains carabins.
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