Vente d'opioïde sans ordonnance en Italie

Un pharmacien florentin accusé d'homicide

Publié le 21/10/2019
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Soupçonné d’homicide involontaire, un jeune pharmacien italien qui a vendu un antalgique opioïde de palier III sans ordonnance à deux touristes belges morts d’overdose, a été mis en examen par le parquet de Florence.
opioides

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Crédit photo : phanie

Le jeune officinal de Florence, âgé de 28 ans et diplômé depuis un an, a délivré deux boîtes de 28 comprimés d’Oxycodone sans ordonnance à deux frères d’origine belge qui passaient le week-end avec leur père dans la cité dantesque. Selon les enquêteurs, les deux jeunes hommes, âgés de 19 et 27 ans, seraient morts d’une overdose après avoir absorbé 42 comprimés de cet antalgique opioïde de palier III qu’ils auraient mélangé avec de la bière. Une boîte entamée d’alprazolam, le générique du Xanax, a également été retrouvée dans la chambre des deux frères. Le parquet, qui a également entendu un autre pharmacien selon la presse locale, a ordonné une autopsie.

Durant sa première audition devant le juge chargé de l’enquête préliminaire, le jeune pharmacien s’est défendu en affirmant que l’un des deux frères l’aurait supplié de lui délivrer l’antalgique. « Il m’a dit qu’il avait été récemment opéré au bras en Belgique et que le chirurgien lui avait prescrit de l’Oxycodocone 40 mg pour calmer les douleurs. Je lui ai dit répondu qu’il devait avoir une ordonnance mais il a insisté que j’ai voulu l’aider et je lui ai vendu deux boîtes », s’est justifié le jeune officinal, qui a été relevé de ses fonctions par son employeur à titre de mesure disciplinaire. Dans l’immédiat, l’Ordre national des pharmaciens italiens (Fofi), a décidé de ne pas intervenir. « Si la responsabilité du jeune pharmacien est établie par la justice, alors la section régionale de Fofi adoptera des mesures disciplinaires comme c’est le cas à chaque fois qu’un officinal agit à l’encontre des règles », a déclaré Andrea Mandelli, président de Fofi.

Reste que cette affaire a relancé le débat sur la responsabilité des pharmaciens. Depuis le printemps dernier, les officinaux sont devenus très stricts après l’adoption de l’ordonnance électronique obligatoire pour la vente de tous les produits vétérinaires, y compris les pipettes antipuces Stronghold pour animaux domestiques, que les pharmaciens refusent désormais de délivrer sans prescription.

Ariel F. Dumont

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3550