Ces événements, bruyamment applaudis par des peuples de plus en plus hostiles à leurs propres institutions, de plus en plus réticents à la gestion de leurs gouvernements, de moins en moins attachés à la stabilité politique, ne sont pas sans conséquences. Ils ont bouleversé la donne géopolitique, donné à l’Amérique une orientation dont personne ne peut dire où elle peut la conduire et encore moins si elle lui sera profitable, accentué l’affaiblissement de l’Union européenne alors que, pour se relancer, elle a besoin de confiance, d’autorité et d’unité, suffi à ériger la Russie de Poutine en grande puissance moins de trente ans après l’effondrement de l’URSS, et offert à la Chine un boulevard pour sa domination rampante de l’Asie.
Une parenthèse de quatre ans
Informés des puissants changements intervenus en 2016, nous ne sommes pas plus armés pour prévoir 2017. Même si nous n’avions pas compris à quoi conduirait le mécontentement des peuples dans des pays connus pour leur stabilité démocratique, nous savons maintenant qu’ils attendent des miracles de leurs prochains gouvernements, même s’il leur a été plus facile de démolir la machine que d’en reconstituer une neuve. Il faut certes être à la fois prudent sur l’ampleur réelle du désastre et sur la capacité des pays concernés à se refaire une santé politique. On ne peut pas se contenter pour autant d’accepter le déclin. Dans la confusion de la longue séquence électorale française, la redynamisation peut venir à la fois de la droite et de la gauche qui, toutes deux, contiennent des forces réformistes. En Grande-Bretagne, l’effroi même d’une population qui réalise le piteux résultat de sa pulsion anti-immigration donne une chance au gouvernement de Theresa May d’engager une transition calme, bien qu’elle soit d’une effroyable complexité juridique et technique. En Italie, le successeur de M. Renzi, Paolo Gentiloni, peut conduire une réforme moins brutale. Aux Etats-Unis, hélas, l’impression générale est qu’il va falloir accepter une parenthèse de quatre ans.
Cependant, il n’y a pas de retour en arrière possible. Le monde a changé l'an dernier d’une manière qui ne permet pas d’espérer, ni même de souhaiter, le retour à une vie antérieure. Les Européens, en tout cas, doivent s’adapter. Ils ont une mission ardente à accomplir, après un élargissement effréné de l’Union dont les conséquences sont négatives. Sans doute faut-il mettre au point une nouveau traité prévoyant une Europe à deux vitesses. L’Allemagne devrait y songer qui s’apprête à consacrer « l’homme fort » du continent, Angela Merkel, capable d’être réélue à un quatrième mandat. Mais la chancelière ne saurait à elle seule engager une telle bataille. Il faut reconstituer l’axe franco-allemand et donc que les Français élisent un homme à poigne qui ait une vision claire sur ce qu’il entend faire. Pour le moment, les perspectives de croissance en Europe ne sont pas si brillantes qu’elle puisse aisément ré-acquérir son leadership. Mais même la langueur de la croissance n’empêche pas les Européens de tenir à Trump et Poutine le langage d’un continent qui reste extraordinairement attaché à une éthique politique que ces deux interlocuteurs ont déjà mise à mal.
L'Union additionne les forces
Ne pas nier le recul de l’Union européenne, c’est en même temps chercher les voies et moyens de sa renaissance. Nous aurons, les uns et les autres, beaucoup de mal à nous entendre alors que chacun de nos pays est divisé sur l’avenir du continent, sur l’intérêt d’une coopération entre Européens, sur l’euro, sur la stabilité financière. 2017 sera, de ce point de vue une année charnière, celle où toutes les menaces seront réunies mais où elles devraient nous stimuler pour les surmonter.
Je ne sais pas vraiment si la direction dans laquelle Donald Trump va engager son pays sera irréversible ou susceptible d’être ultérieurement corrigée, mais je sais que, pour les quatre années qui viennent, les Européens se sentiront bien seuls. C’est regrettable, mais ce n’est pas la fin du monde si nous trouvons dans le danger le stimulant d’un rapprochement entre les peuples européens. L’Union à elle seule ridiculise l’idée de solitude. 500 millions de personnes capables de travailler ensemble ne peuvent pas se sentir seules. Au lieu de se chamailler, il faut qu’elles comprennent enfin que l’UE, loin de nuire aux intérêts nationaux, additionne leurs forces. Et si des velléités centrifuges continuent à s’exprimer, c’est simple : une Union moins large mais plus solide fera l’affaire.
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