LE SONDAGE PUBLIÉ JEUDI et qui accorde au bloc gauche-écologistes une avance de 16 points (47 % contre 31 %) sonne le glas des espoirs de la droite aux régionales, en même temps qu’il ruine ceux de l’UDF (4 %). Il indique aux socialistes que leur meilleure stratégie n’est pas l’ouverture au centre mais en direction Verts. Il n’accorde pas vraiment à l’UMP l’espoir de conserver les deux régions dont elle dispose, l’Alsace et la Corse, ni même de conquérir le Languedoc-Roussillon à la faveur de la scission entre Frêchistes et non-Frêchistes. La droite se battait autour de l’idée d’arracher deux ou trois régions, ce qu’elle aurait présenté comme un succès. Si elle n’en garde aucune, elle sera bien obligée d’en tirer les conclusions politiques, à commencer par le remplacement éventuel du Premier ministre, hypothèse qui semblait écartée il y a encore quelques jours.
Elle se rassurera en répétant que les régionales ne sont pas des élections politiques. Le scrutin risque cependant de donner des indications inquiétantes pour l’avenir immédiat : la quasi disparition de l’UDF la priverait de possibles ralliements au second tour, en 2012 comme en 2010 ; l’absence de réserves pour le second tour deviendrait alors criante, M. Sarkozy ne pouvant compter en définitive que sur un tiers des suffrages ; la poussée des écologistes gênerait certes le PS, qui devrait renoncer à des sièges et à son hégémonie, sans pour autant le priver de la victoire ; le recul de l’UMP serait enfin aggravé par une capacité accrue de nuisance du Front national : si son score est faible, l’UMP ne pourrait pas attirer beaucoup de voix d’extrême droite ; si son score est relativement élevé, il signera la défaite de la droite classique. Car on peut être assuré que Jean-Marie Le Pen préférera se venger de M. Sarkozy qu’affaiblir la gauche.
Nicolas Sarkozy est le premier responsable de l’érosion de l’électorat qui l’a porté au pouvoir il y a trois ans. Il a multiplié les erreurs de gestion, notamment dans son domaine de prédilection, les réformes, qui ont été souvent bâclées ou insuffisamment préparées ou inachevées. Il n’a tenu qu’une partie de ses promesses. Il a adopté un comportement peu présidentiel, soit en fréquentant les riches, soit en affichant un bonheur personnel qui contrastait avec les difficultés des classes pauvres et moyennes, soit en prononçant des propos qui ne le grandissaient guère. S’il a amendé son style sous l’influence de Carla Bruni, il n’a pas su cacher ses rancunes et rêves de vengeance, notamment dans l’affaire Clearstream qui, pour son image, a été, après celle de l’EPAD et des ambitions de son fils Jean, un désastre du point de vue de sa communication. Cette descente aux enfers ne correspondait pas à une fatalité, mais au fait qu’il est entouré de personnages qui craignent de critiquer ses décisions et qui, par leur servilité, ont aggravé son isolement et l’ont rendu aveugle à la réalité sociale. Il n’était pourtant pas difficile de voir qu’une lutte sans merci contre Dominique de Villepin lui aliénait cette partie de l’UMP qui ne hait point l’ancien Premier ministre et jetait le trouble parmi ses meilleurs soutiens. Il n’était pas difficile de comprendre que l’ouverture est une méthode qui ne marche que si elle est prise au sérieux par celui qui l’applique. Il en a fait un jeu destiné à enrager la gauche. Mais il aurait mieux fait de donner des moyens à Fadela Amara et plus d’autonomie à Bernard Kouchner. Il n’a vraiment réussi l’ouverture qu’avec Martin Hirsch et le RSA.
De même qu’il est parvenu à scinder l’UDF, mais peut-être à un prix élevé, puisqu’il a fallu, à l’occasion des régionales, priver une fois de plus l’UMP de nombreux sièges pour les donner à ceux qui ont abandonné François Bayrou. Même l’ouverture, qui était une bonne idée, est devenue un boulet, principalement parce que M. Sarkozy n’a pas compris qu’elle n’avait de sens que si, avec les hommes ou les femmes qu’il cooptait, il devait coopter leurs idées, faire un mélange savant et pragmatique des projets, et éviter que les bataillons fidèles de l’UMP en soient démoralisés. Il est significatif que la répartition des sièges aux régionales ait été annoncée sous les sifflets.
Le problème n’est pas que le président soit incompétent ou inefficace. Il sait conduire une politique, il s’exprime de façon intelligible pour tous, il connaît parfaitement ses dossiers. Il a même une vision, ce que Chirac n’avait pas. Mais il apparaît comme un malade qui ne guérit pas. On le croit sauvé de l’EPAD, il nous refait une rechute avec Villepin. Bien entendu, les médias, dont le principal souci est d’affirmer leur indépendance à l’égard du pouvoir, le clouent au pilori tous les matins avec une délectation démagogique ; pourquoi n’évite-t-il pas, pendant quelques semaines, de leur donner autant d’os à ronger ? Enfin, il pouvait compter sur la décomposition de la gauche, la voilà qui se rassemble, qui s’impose à l’opinion comme une alternance crédible. C’est alors que germe l’idée naguère impensable : pourquoi ne pas se passer de Sarkozy ? Il appartient au président de se relever des régionales et de prendre très vite des mesures susceptibles d’apaiser les Français. Il lui reste peu de temps.
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