TOUT EST RÉGLÉ ? Mais non, bien sûr. La crise est là et nous ne savons pas du tout si nous en avons touché le fond. Un seul nombre : l’industrie américaine a encore détruit 746 000 emplois en février, plus que chacun des mois précédents depuis septembre, et pourtant la progression du chômage américain était déjà catastrophique. En France, chaque fermeture d’usine est un désastre de plus qui s’ajoute aux autres. Les banques ne sont pas encore tirées d’affaire. L’endettement des riches devient colossal, la misère des pauvres devient insoutenable. La déflation constitue un risque à ne pas négliger. Mais au moins les choix mortels qui ont été faits au lendemain de la crise de 1929, en particulier la folie protectionniste qui a achevé une économie mondiale en perdition, sont-ils, cette fois, écartés.
La double ambition de Sarkozy.
Une liste des paradis fiscaux (avec des degrés de gravité, listes noire, grise et blanche), le triplement des fonds du FMI à 1 100 milliards de dollars pour aider les pays en développement (qu’on avait tendance à oublier), un engagement sérieux à réguler le système financier international : comme le dit Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI, c’est le plus grand plan de relance mondiale coordonnée qui ait été jamais conçu. Et, bien sûr, dès lors que l’accord a été conclu, il fallait, pour en tirer le plus grand bénéfice, mettre l’accent sur l’harmonie entre les Vingt et rétablir la confiance. Les bourses ne s’y sont pas trompées qiui ont salué les résultats du G20 par une envolée des cours.
Il faut beaucoup de moyens, d’énergie et de volontarisme pour combattre la crise, mais il n’est pas inutile, en même temps, de naviguer avec prudence et circonspection : une thérapie trop violente nous aurait exposés à de nouveaux dangers. Certes, on peut avancer que les médecins de la crise se recrutent parmi ceux qui ont failli détruire l’économie mondiale et on peut douter de leur compétence, universelle en quelque sorte, qui en ferait les pompiers de l’incendie qu’ils ont allumé. Mais on ne renouvelle pas en un tournemain ce genre de personnel. Les critiques les plus acerbes adressées aux fauteurs de crise, et qu’ont exprimées Paul Krugman, Nouriel Rubini ou Joseph Stiglitz, n’ont rien d’autre à proposer que ce qui a été fait. Parmi ces trois experts, deux sont prix Nobel, récompense prestigieuse, attribuée néanmoins à d’autres économistes qui n’ont rien vu venir.
Y a-t-il jamais eu entre Américains et Britanniques d’une part, Allemands et Français d’autre part, un conflit philosophique, un fossé, une incompatibilité qui auraient fait du G20 une pantalonnade ? Non, il n’y a eu que des différences de nuances. Obama dit : d’abord résorber la crise, ensuite réformer le système financier mondial. Il n’est pas moins hostile que Sarkozy aux paradis fiscaux, aux bonus, aux parachutes dorés. Contre les salaires indus, il a riposté par une taxation à 90 % ; on attend que le président français en fasse autant. Soyons lucides : le chef de l’État fait un grand écart. Il dit : « Je suis un ami debout » des Américains. C’est un message aux chiraquiens, à la gauche, aux centristes de M. Bayrou, à tous ceux qui veulent lui intenter un procès à propos de notre retour dans le commandement intégré de l’OTAN, mais pas aux États-Unis. Barack Obama a rendu l’antiaméricanisme caduc jusqu’au ridicule, M. Sarkozy s’en sert encore à la périphérie de sa politique pour faire que les Français acceptent des décisions qu’on pourrait qualifier de proaméricaines. C’est une maladie bien française : tout gouvernement qui conduit une politique étrangère innovante a un œil fixé sur son opposition.
Enfin, M. Obama a consacré un rapprochement russo-américain que la nature du pouvoir de Moscou rendait particulièrement difficile. Il renonce à un bouclier antimissiles en Europe, ce qui a assez réjoui les Russes pour qu’ils acceptent à la fois de participer à une négociation sérieuses avec l’Iran et à la poursuite des pourparlers entre Moscou et Washington sur le désarmement nucléaire. En Amérique, l’opposition républicaine aura tôt fait de dénoncer une « politique d’apaisement » avec le détestable régime poutinien. Ils ont oublié les huit années que le monde a perdues avec M. Bush.
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