MARIE-LUCE PENCHARD a déclaré ceci, à propos d’une enveloppe d’un demi-milliard d’euros pour les DOM : « Cela me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de la Réunion, au bénéfice de la Martinique », juste après avoir dit : j’ai « envie de ne servir qu’une population, la population guadeloupéenne ». On ne niera pas que le discours est maladroit et que la candidate aux régionales a oublié qu’elle est ministre de tout l’Outremer ni que le bonheur des Guadeloupéens ne saurait être assuré au détriment des autres populations des DOM. Les socialistes pouvaient exposer leurs critiques sans pour autant faire un esclandre. En exigeant de Marie-Luce Penchard qu’elle démissionne de son poste ministériel, ils ont obtenu l’inverse. Ils ont en effet obligé le Premier ministre, François Fillon, à voler au secours de sa jeune ministre, alors qu’il qu’elle méritait d’être tancée par lui. Les deux ne sont pas à exclure et si le chef du gouvernement a tenu à se dresser contre le flot incessant des imprécations de l’opposition, il n’est pas impossible qu’il ait fait la leçon à sa subalterne.
La vraie question ne porte pas sur les dérapages des uns ou des autres, mais sur la stratégie du PS qui, à l’occasion des régionales, ne manque pas la moindre occasion de pousser des cris d’orfraie et de stigmatiser la droite. Or il est à peu près certain, en dépit des propos auto-encourageants tenus par le pouvoir, que l’UMP perdra largement le scrutin de mars. Sans doute Jean-Marc Ayrault, chef des socialistes à l’Assemblée, a-t-il voulu, en réclamant la démission de Mme Penchard, faire oublier l’embarrassante ascension de Georges Frêche dans les sondages préélectoraux. Mais on sent qu’existe une fièvre générale dans une classe politique qui perd un peu le nord. Il est même amusant et paradoxal que Patrick Balkany, soutien indéfectible de Nicolas Sarkozy, ait cru bon d’abonder dans le sens de M. Ayrault (« Elle devrait être virée du gouvernement », a-t-il déclaré en termes plus crus que ceux du PS). En voilà un que l’on a accusé d’un tel fanatisme prosarkozyien qu’il a tenté de prouver qu’il gardait son libre-arbitre. Mais ces revendications (licencier, stigmatiser, détruire) sont d’autant plus inutiles qu’elles sont vouées à produire l’effet inverse de celui qui est recherché. M. Fillon ne va tout de même accéder aux désirs de M. Ayrault et démontrer de cette manière que son gouvernement est faible. Quant à M. Balkany, il a sûrement reçu récemment un coup de fil pour qu’il se souvienne d’où il vient et où il ne peut qu’aller.
Une forme de désordre.
À lire cette réflexion, on se demandera pourquoi un article est consacré à cette affaire quelque peu dérisoire. La raison en est qu’elle témoigne d’un climat explosif que nous devons uniquement aux politiques, alors qu’aucune polémique ne rend vraiment compte des dossiers importants. Les Français sont probablement abasourdis : crise, chômage, avenir incertain, voilà ce qui compte à leurs yeux. Les affaires que l’on présente comme une distraction à des populations parfois malheureuses et toujours inquiètes n’alimentent en vérité que la désinformation croissante sur Internet et les publications qui se délectent du distrayant au mépris du sérieux. Que font-ils tous, à droite et à gauche, pour intéresser au scrutin des régionales, qui commence dans trois semaines, des électeurs dont la moitié pourrait s’abstenir ? Ils nous montrent simplement qu’un Balkany peut rejoindre un Ayrault. Ce n’est pas vraiment une synthèse, c’est une forme de désordre. À la limite, quand les candidats UMP dénoncent les dépenses croissantes des collectivités locales, au moins restent-ils dans le sujet même si cela n’excuse pas les déficits nationaux.
Devons-nous craindre la juxtaposition de préoccupations ou de comportements proches du ridicule sur une situation de crise plutôt alarmante ? On a toujours du mal à sous-évaluer les hommes politiques parce qu’on veut croire qu’ils ne sont pas nécessairement stupides. Le socialistes, en tout cas, devraient mettre une sourdine à leur fracas d’autant plus qu’ils n’ont vraiment rien à craindre du résultat des régionales (ou alors, les sondages sont biaisés en leur faveur). Dans l’affaire George Frêche, la droite n’a nullement essayé de dicter sa conduite au PS. C’est Martine Aubry qui a pris le risque constituer une liste socialiste alternative et c’est elle qui va perdre le Languedoc-Roussillon. Bonne raison que les socialistes laissent l’UMP commettre des propres erreurs dont elle sera forcément comptable à chaque scrutin. La liberté d’expression est comme le reste : si on en abuse, elle perd de sa force. On peut demander la démission d’un ministre tous les matins, mais la solution pour la France, ce n’est pas l’implosion de son gouvernement, c’est une politique et sociale susceptible d’améliorer le sort des gens.
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