« Qui peut mieux que nous, professionnels de santé de terrain, identifier les problèmes de santé du terrain ? », interroge Tayssir El Masri, médecin généraliste à Liévin, vice-président de la toute nouvelle Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Liévin-Pays d'Artois (Pas-de-Calais). La première réunion de cette CPTS, mercredi 23 mai à l'Hôtel de ville de Liévin, a réuni plus de soixante-dix personnes, un éventail qu'il est peu habituel de rencontrer : des médecins généralistes, des hospitaliers, des pharmaciens, des infirmiers, des kinésithérapeutes, des psychologues, des représentants d'EPHAD, de la Caisse primaire (CPAM), de l'agence de santé (ARS), de la Vie active, une association présente dans le monde du travail, de l'enfance, du handicap, des personnes âgées, du social, de la formation… Seul, le maire de Liévin, Laurent Duporge, pourtant prévu, s'est fait excuser pour cause de… paternité imminente !
Sophie Sergent, pharmacienne à Liévin, membre du bureau national de la FSPF, et administratrice à l'URPS pharmaciens des Hauts-de-France, a été l'instigatrice et la cheville ouvrière de cette CPTS, qu'elle préside. « Tout a démarré avec Perfadom, puis la création du groupement hospitalier territorial (GHT) de Béthune (voir « leQuotidien » des 11 juillet et 2 octobre 2016). Est alors apparu le besoin d'aller plus loin dans la coordination des professionnels sur le territoire et de renforcer le lien ville-hôpital », explique-t-elle. La loi de modernisation du système de santé, de janvier 2016, avait prévu la création des Communautés professionnelles. De réunion en réunion, les professionnels ont établi des statuts, imaginé un fonctionnement et, en mars 2018, la CPTS était officiellement déclarée sous forme associative. Cent cinquante personnes étaient invitées à la soirée inaugurale, la moitié étaient présentes, trente à quarante devraient avoir adhéré dans les semaines à venir.
Attirer de jeunes médecins
« L'objet de la CPTS, poursuit Sophie Sergent, est de définir des projets de santé en rapport avec les besoins du territoire, en relation avec l'ARS et les collectivités locales, pour faire évoluer la stratégie de santé, et maintenir l'attractivité du territoire. » Les élus y voient, par exemple, un moyen d'attirer de jeunes médecins.
Le bureau provisoire est composé de représentants des différents corps professionnels, et a d'emblée défini sept points à travailler : la connaissance des besoins du territoire, l'organisation de l'offre de soins, l'identification des membres de la Communauté, les limites du territoire, les modalités du travail interprofessionnel, les transmissions (via Apicrypt, très certainement), et la validation des actions.
Dans un premier temps, le territoire concerne dix communes autour de Liévin et Bully-les-Mines, soit 70 000 habitants. « On ne vise pas une pathologie particulière au départ, précise Sophie Sergent : ici, tous les marqueurs sanitaires sont au rouge ! » Mais l'objectif est bien de déceler par tous moyens les « personnes en état de fragilité », connues de leur dentiste, leur kiné, ou leur pharmacien. Par exemple pour faciliter la mise en place de la télémédecine.
Le bureau de la CPTS se félicite de la bonne écoute que leur ont réservée les élus locaux, dont le maire de Liévin. « Dans les cinq ans à venir, reconnaît-on, le territoire perdra un médecin sur six, parti à la retraite. » Les élus ont aussi exprimé les besoins qu'ils ressentaient pour leur commune.
« C'est une prise en charge globale du patient que nous recherchons, reprend la consœur, nous voulons apporter une visibilité sur l'offre de soins, rassurer les patients, et surtout éviter les patients en « errance » médicale. Le territoire correspond à une entité cohérente, et il faut s'appuyer sur cette dynamique. » « Quand un problème est identifié par tous les acteurs qu'il concerne, conclut Tayssir El Masri, il devient plus facile à résoudre. »
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