D’UN MAL sort un bien ? Cela n’ira pas sans de très lourds sacrifices, comme le démontre la panique des Grecs. Pourtant, ils ont été les premiers à voir qu’un référendum ne réduirait pas leur dette d’un euro et qu’aucun magicien ne peut sortir le lapin financier d’un chapeau politique, qu’il s’agisse d’un vote au Parlement, d’une consultation populaire ou d’un gouvernement de coalition. On a beaucoup reproché à Angela Merkel et à Nicolas Sarkozy de bafouer la souveraineté de la Grèce. Pourtant, que feraient les Européens, Grecs ou autres, sans le leadership franco-allemand ? Incapable de présenter au G20 un plan de stabilisation de la dette italienne, Silvio Berlusconi a demandé conseil au Fonds monétaire international. Préférons-nous ce type de dépendance à ce qu’on appelle l’abandon de souveraineté au profit de l’Union européenne ? Quand un pays s’endette énormément auprès de banques étrangères et d’autres États, ne consent-il pas à leur être redevable jusqu’à ce qu’il ait remboursé ? On brandit des principes démocratiques, comme si la liberté des peuples n’incluait pas la responsabilité de leurs actes, comme si des acteurs économiques avaient comploté pour forcer la Grèce à s’endetter. Ce sont les mêmes qui, en France, réclament tous les jours plus de dépenses sociales et dénoncent simultanément le recours à la dette par le gouvernement.
Un sou est un sou.
Plus on avance dans cette crise, plus on songe à des solutions qui auraient été écartées il y a encore quelques semaines ou quelques jours. Mme Merkel et M. Sarkozy ont envisagé une sortie de la Grèce de la zone euro et ont aussitôt imaginé les mesures qui empêcheraient un effondrement de l’Europe. Ils ont même pensé à appliquer le plan de sauvetage de la Grèce sans le concours de la Grèce. Peu de commentateurs ont reconnu que le respect de la totalité des droits et de la souveraineté de la Grèce conduisait à faire de l’Union européenne une immense Grèce.
Un sou est un sou. Les vertus ancestrales sont toujours en vigueur et l’endettement n’est jamais virtuel, relatif ou sans effet. La seule méthode consistant à calculer le déficit budgétaire en pourcentage de la production nationale (et non en proportion de la masse budgétaire, ce qui ferait aussitôt apparaître la dimension réelle du déséquilibre) montre que les pays dits riches ont mis la tête sous le sable depuis des décennies. Le G20 n’a apporté aucune solution. Il a eu lieu seulement à un moment de basculement historique, celui où l’on passe de trente ans d’emprunts à l’ère de remboursements. Un paroxysme critique a incité les Grecs à se rassembler pour affronter la tragédie ; en Grèce, en Italie, en Espagne et, bientôt, peut-être, en France puis en Allemagne, la purge financière fait ou fera tomber des leaders et leurs gouvernements. Encore faut-il que leurs successeurs comprennent que le pouvoir n’est plus cadeau, mais un calvaire. Les prochains dirigeants de l’Europe seront obligés par le stress financier de gouverner exclusivement pour le salut de leurs sociétés et non plus pour le plaisir d’exercer le pouvoir.
La campagne électorale soulève une inquiétude. Elle exige que l’opposition critique M. Sarkozy en toute circonstance. François Hollande suggère des solutions rejetées par Angela Merkel, comme s’il avait plus d’influence que M. Sarkozy sur le gouvernement allemand. Empêtrée dans un projet socialiste déjà caduc, la gauche continue de proposer de nouvelles dépenses dont le financement reste mystérieux. Si M. Hollande maintient les créations d’emplois qu’il a proposées, il sera sommé de dire comment il les paiera. S’il y renonce, il se déjugera. L’abandon progressif du nucléaire par l’Allemagne et par la Belgique entraînera des coupures de courant dès cet hiver en France. Les exigences des écologistes concernant le renoncement à la construction d’une centrale EPR en France complique la tâche du leader socialiste. On n’aplanira pas de sitôt les contradictions de l’opinion, qui croit pouvoir associer le désendettement et le renforcement du filet social. Le problème de François Hollande, c’est que l’heure de vérité a sonné, que des dépenses acceptables en 2009 seraient intolérables aujourd’hui, que le moment historique est celui de l’austérité. Sûrement pas celui des contre-réformes, des emplois assistés et de la retraite à 60 ans.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion