Une exposition à Londres sur l’épopée hygiéniste

Une sale histoire

Publié le 19/05/2011

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Crédit photo : dr

DESSINER la frontière entre le sale et le propre, telle est l’une des vocations de « Dirt », exposition qui vient d’ouvrir ses portes à la Wellcome Collection de Londres*. À travers six villes et quatre siècles, le parcours aux effluves de pestilence plonge le visiteur aux sources de l’hygiène moderne. De la Delft hollandaise du XVIIe siècle, où le balai caresse la faïence bleue et blanche, aux remugles de la Londres médiévale où la Tamise est un égout à ciel ouvert, ce voyage au pays de la saleté fascine autant qu’il écœure. On y voit comment la puanteur des immondices, partie visible de l’iceberg, révèle peu à peu - à compter du XIXe siècle - l’origine invisible et microbienne des grandes épidémies. On croit le choléra transporté par les « miasmes » aériens. Que nenni, soutient le médecin britannique John Snow, la maladie est transmise par l’eau souillée. Une intuition aux prémices de l’hygiénisme qui sera confortée, quelques années plus tard, par les travaux du grand Pasteur. Au cœur de cette grande Histoire progressiste de la lutte contre la crasse, la Wellcome Collection de Londres rappelle aussi un triste épisode : en 1937, le musée de l’hygiène à Dresde, en Allemagne, accueillait une exposition moins fréquentable où la saleté et le typhus avaient pris le visage du Juif. Un sombre souvenir qui donne à penser que la souillure des âmes peut être bien plus toxique que celle des corps.

* 183, Euston Road, Londres. Jusqu’au 31 août 2011. Entrée libre.

› D.D.