« LA TÂCHE la plus ardue consiste à faire parvenir l’aide récoltée sur le territoire syrien. » Issam Moussly est titulaire à Pleurs (Marne) depuis 28 ans. Il a quitté sa région natale de Homs en 1974, mais aujourd’hui, et depuis trois ans, il n’a qu’une idée en tête : aider la population syrienne. Car le conflit armé touche durement les populations civiles et les répressions sont sanglantes. Les manifestations initiales ont été suivies de révoltes, de massacres, de sièges, de combats, d’exactions, de batailles, d’attentats, d’offensives et de contre-offensives, et même de l’usage d’armes chimiques. Les enfants ne sont pas épargnés. Des millions de Syriens ont dû abandonner leur foyer. Pour la seule année 2013, les Nations Unies comptabilisent 126 000 victimes directes ; elles seraient 150 000 depuis le début du conflit. Les déplacés, les réfugiés, se comptent par millions. Les corollaires habituels sont observés : criminalité en hausse, économie appauvrie, maladies en hausse.
« Notre mission est avant tout de porter assistance aux victimes civiles sur le territoire syrien, selon deux axes. Le premier est de répondre à l’urgence, le second est de maintenir un niveau sanitaire acceptable. La dégradation de l’état sanitaire en trois années est épouvantable, par manque d’accès aux soins, manque de moyens, manque de médicaments », explique Issam Moussly. Depuis deux ans, l’association TULIPE a fourni 38 tonnes de produits de santé à Urgence solidarité Syrie et le titulaire n’a pas assez de mots pour la remercier. « La majorité des médicaments que nous utilisons viennent de TULIPE. Pour les besoins non couverts, nous achetons et de préférence sur place quand cela est possible pour éviter une logistique trop lourde. » L’acheminement est compliqué et coûteux, il passe par plusieurs pays, mais c’est au moment de passer la frontière syrienne que les difficultés apparaissent. Néanmoins, depuis 2011, l’association s’est organisée pour minimiser les risques, avec des endroits de stockages sécurisés au nord du pays, une dizaine de centres d’interventions primaires. Mais le risque zéro n’existe pas.
Frapper à toutes les portes.
Deux missions ont déjà eu lieu en 2014, une 3e est en route, « que je ne vais pas tarder à rejoindre ». Car il est impensable pour Issam Moussly de rester aux commandes depuis la France. Il n’aura jamais autant fait d’aller-retour dans son pays d’origine que depuis le début des conflits, et fait des découvertes dont il se serait bien passé : chirurgie de guerre, leishmaniose, conséquences des attaques chimiques… L’association Urgence solidarité Syrie va encore plus loin dans son accompagnement aux populations, intervenant aussi bien en nutrition infantile et adulte que dans des actions de microéconomie, notamment en incitant les paysans à cultiver leurs terres, et enfin en participant à des programmes d’éducation pour les enfants.
Grâce à l’infatigable Issam Moussly, démarchant sans arrêt les entreprises, confrères et institutions, l’association a reçu de nombreuses aides pour intervenir sur place. Malheureusement, la situation ne s’améliore pas pour les Syriens et le pharmacien prévient déjà qu’il va revenir frapper à toutes les portes pour avoir de l’aide. Pour 2014, les objectifs sont multiples. Urgence solidarité Syrie a lancé une grande campagne pour être en mesure d’apporter du lait infantile en quantité suffisante : « Pour nourrir 30 000 bébés, il faut que nous récoltions 15 millions d’euros. C’est une opération primordiale, ces bébés sont les Syriens de demain, il n’est pas question de les sacrifier. »
L’association souhaite aussi renforcer son soutien aux dispensaires des centres de premiers recours, mettre en place une nouvelle chaîne du froid pour les vaccins et l’insuline, et contrer les ruptures de traitement en chimiothérapie. « Aujourd’hui la Syrie a mauvaise presse, la confusion règne et une lassitude s’instaure face à la durée du conflit. Mais plus que jamais, nous continuons à aider les populations syriennes. Les difficultés actuelles poussent les gens à se retirer des missions de terrain. Et on le comprend, les soignants, les pharmaciens, les journalistes sont pris pour cible, pris en otages », regrette Issam Moussly. Mais il y a au moins une fin heureuse : les quatre journalistes détenus depuis 10 mois en Syrie ont été libérés il y a huit jours.
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