À partir du mois de juillet, les pharmacies uruguayennes pourront vendre du cannabis, produit sous le contrôle de l'État, pour un usage récréatif. Une situation unique au monde.
Votée en décembre 2013 à l'initiative du président José Mujica, la légalisation du cannabis en Uruguay se met en place par étapes (lire notre article « abonné »). La vente de cannabis à des fins récréatives en pharmacie est le 3e volet de la loi, après l'autorisation de la culture par les particuliers et dans les clubs cannabiques. La mise en application de cette loi a tardé. Les usagers, forcément de plus de 18 ans, de nationalité uruguayenne et/ou résidant dans le pays, doivent s’inscrire sur un registre d’État. Or Tabaré Vasquez, qui remporte l'élection présidentielle en décembre 2014 et se propulse à la plus haute fonction de l'État le 1er mars 2015 pour un mandat de 5 ans, est hostile à la légalisation du cannabis. Les usagers de cannabis ne se sont pas précipités pour s'inscrire dans un registre national les fichant comme des consommateurs officiels. Le président n'est pourtant pas revenu sur cette légalisation. En octobre 2015, l'État a attribué deux licences de production et de distribution à des entreprises locales et le gouvernement a commencé à travailler avec les pharmacies pour la mise en place de la dispensation.
La loi de 2013 devrait être entièrement appliquée à partir de juillet prochain. L’achat en pharmacie sera nominatif et limité à 40 grammes mensuels par usager. Chaque consommateur devra choisir un seul mode d’accès au cannabis : culture à domicile, appartenance à un club cannabique ou achat en pharmacie. Juan Andrés Roballo, conseiller à la présidence uruguayenne et président du Conseil national des drogues, précise que le « 2 mai, nous allons habiliter le registre des usagers » qui devra être renseigné pour pouvoir acheter du cannabis récréatif en pharmacie. La drogue sera vendue à 1,30 dollar le gramme, par sachet de 5 ou 10 grammes, ce qui permettra de rémunérer les producteurs et les pharmacies, tout en fournissant des recettes à l'État pour financer « essentiellement des politiques de prévention ». L'Uruguay dispose pour l'instant de 400 kg de cannabis produits sous le contrôle de l'État, ce qui est « loin de couvrir la demande réelle ». Fin 2015, les autorités avaient annoncé leur souhait de produire 6 à 10 tonnes de cannabis par an. Pour l'instant, seulement 16 pharmacies ont donné leur accord pour vendre du cannabis récréatif (lire notre article « abonné »). Le gouvernement compte en convaincre d'autres pour débuter la vente avec une trentaine d'officines. Des premiers pas sous les projecteurs du monde entier, notamment de la France où le sujet reste tabou malgré une forte consommation pointée du doigt (lire notre article « abonné »).
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