Depuis ce matin, les pharmacies peuvent officiellement vendre et délivrer des autotests sur prélèvement nasal pour le Covid-19. Alors que l'arrêté n'a été publié qu'hier, un nombre infime d'officines en a déjà en stock et l'engouement des patients est pour l'instant difficile à percevoir.
Parmi les rares officinaux qui ont pu commander des autotests Covid, Laurent Filoche, titulaire à Blagnac, en Haute-Garonne, attend toujours de vendre sa première boîte alors que la fin de matinée approche. « J'ai reçu quelques coups de fil d'entreprises qui sont intéressées pour leurs salariés, mais pour l'instant aucun patient n'en a fait la demande au comptoir même si les médias en ont beaucoup parlé », explique-t-il. Le président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO) a déjà pu recevoir 20 boîtes d'autotests. Son fournisseur, le fabricant français Biosynex, limite pour l'instant les livraisons à 10 boîtes par pharmacie (20 pour les clients Biosynex). « Quant à AAZ (l'autre fabricant français dont l'autotest est déjà validé par le ministère de la Santé), il contingente également pour le moment car l'État en a préempté beaucoup pour la rentrée scolaire, explique Laurent Filoche. Les sociétés chinoises dont les autotests sont validés ne seront pas en capacité de livrer en France avant la semaine prochaine. » Autrement dit, les pharmaciens vont certainement devoir attendre la fin du mois, voire début mai, pour recevoir des livraisons plus importantes. Si les patients ne se sont pas précipités dès ce matin, l'attrait pour ces nouveaux tests peut-il augmenter dans les semaines à venir ? Laurent Filoche en doute un peu. « Les autotests peuvent être une vraie solution dans les pays où les tests PCR et antigéniques sont chers, ce qui n'est pas le cas en France où ils sont remboursés. Je ne pense pas non plus que les gens privilégieront les autotests parce qu'ils sont moins douloureux car leur priorité c'est d'avoir accès aux tests qui sont les plus fiables », analyse Laurent Filoche.
Liste des autotests validés par le ministère de la Santé
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset a lui aussi un peu de mal à imaginer quelle place réelle occuperont les autotests dans l'arsenal du pharmacien alors que ces derniers « peuvent proposer des tests plus sensibles ». Néanmoins, selon lui, « tous les pharmaciens vont acheter des autotests, il n'y a pas de raison de ne pas le faire ».
Quant au prix de vente, fixé à 6 euros TTC maximum (puis 5,20 euros à partir du 15 mai), le président de la FSPF ne trouve rien à redire. « Nous sommes dans une période exceptionnelle. C'est donc un prix que j'accepte et qui, à mon sens, est parfaitement jouable ». Pas de critique de sa part non plus sur la liste des personnes qui pourront être remboursées par la Sécurité sociale. Si quelques visiteurs ont déjà montré un peu d'intérêt pour les autotests dans sa pharmacie de Limoux, dans l'Aude, la matinée a été plutôt calme.
Du côté de Rambouillet, dans les Yvelines, Renaud Nadjahi s'apprête à vendre les premières boîtes d'autotests AAZ tout juste reçues. Pour le président (USPO) de l'URPS Pharmaciens d'Île-de-France, acheter français était une priorité même si les autotests chinois sont moins chers. « La qualité et la fiabilité ont un coût. N'oublions pas que des tests antigéniques chinois pourtant validés par la HAS ont dû être retirés ensuite », rappelle-t-il. Alors que la polémique sur la possibilité de voir la GMS vendre des autotests a agité les dernières semaines, Renaud Nadjahi veut insister sur l'importance du rôle du pharmacien pour accompagner les patients qui voudront utiliser ces tests rapides. « Il faut absolument prendre le temps d'expliquer au patient comment effectuer le prélèvement, rappeler toutes les étapes, et notamment le fait qu'il faut attendre 15 minutes à la fin avant d'avoir le résultat… Si nous ne faisons pas ce travail correctement, cela va se retourner contre nous », et peut-être inciter la GMS à refaire pression pour investir ce nouveau marché, redoute-t-il.
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