Mélanie Sarot : « La CPTS a permis de faire front ensemble contre le Covid »
Depuis bientôt 6 ans, Mélanie Sarot est titulaire d’une officine de quartier de taille moyenne dans l’Essonne. Mais outre le temps qu’elle passe au comptoir, elle est également secrétaire de la CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé) du Val d’Orge. « Les professions les plus représentées dans les bureaux des CPTS sont les médecins généralistes, les infirmiers, les pharmaciens et maintenant les kinésithérapeutes qui, à raison, ne veulent pas être mis de côté et souhaitent s’insérer dans le parcours de soins du patient. » Une activité qui prend du temps mais s’il y a une chose dont la pharmacienne ne doute pas, c’est bien que « l’interprofessionnalité, c’est moteur et dynamique ! ».
D’ailleurs l’arrivée du Covid en a été un exemple concret. Les différents professionnels se sont alliés pour monter, entre autres, deux centres de PCR et un de vaccination. « Les pharmaciens se sont occupés de la logistique, notamment de contacter la mairie pour trouver une salle, de la gestion de la chaîne du froid et d’établir des protocoles. Ceux-ci ont ensuite été validés par les médecins généralistes qui, eux, se sont penchés sur les recommandations de l’HAS, les différentes études… Enfin, les infirmiers se sont organisés pour effectuer des vacations. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice. »
Mais les bénéfices de travailler en réseau ne s’arrêtent pas, heureusement, au coronavirus. « Le fait d’échanger entre professionnels de santé permet de savoir ce que chacun fait et comment. C’est tout de même dommage de ne pas savoir comment travaillent les autres alors qu’on est à côté. On apprend les uns des autres, on se sent plus compétent au comptoir et cela permet d’avoir tous le même discours auprès des patients. C’est très réjouissant ! »
Mélanie soutient également les plateformes ou applications interprofessionnelles qui permettent la mise en relation des professionnels de santé intervenant auprès d’un même patient. Des outils essentiels à la connexion hôpital-ville. « En sortie d’hospitalisation, cela permet de créer un lien avec les professionnels de santé habituels du patient, ça facilite la vie de tout le monde. » Pour la pharmacienne, le bilan est sans appel : « Travailler ensemble, on y gagne forcément ! »
Émilie Dechaux : « Une Maison de Santé Pluridisciplinaire pour lutter contre la désertification médicale. »
Montalieu, un petit village de l’Isère entre Grenoble et Lyon. C’est ici qu’Émilie Dechaux s’est installée comme titulaire en 2010. Seulement voilà, les médecins allaient partir à la retraite… Mais hors de question pour la pharmacienne de voir se créer un désert médical. En 2014, audacieuse, elle part exposer au maire le projet qu’elle a en tête : celui de créer à Montalieu une maison de santé pluridisciplinaire. « Beaucoup de temps, de démarches et de patience », c’est ce qu’il aura fallu à Émilie pour voir s’ouvrir cette maison de santé en octobre 2020, à proximité de son officine. Un projet soutenu par la communauté de communes et par les jeunes médecins du secteur qui y ont vu l’occasion de ne pas se retrouver submergés dans les années à venir par le départ de leurs aînés. « Ils ont même fait la démarche de s’installer comme maîtres de stage, un moyen d’avoir toujours de nouveaux médecins sur le secteur », se réjouit Émilie.
Le résultat de tout ce travail de coordination pour mettre en place la maison de santé est considérable puisque la structure toute neuve de 800 m2 accueille plus d’une vingtaine de professionnels de santé ! Se côtoient ainsi 8 médecins généralistes, 2 cabinets infirmiers soit 8 IDE, 1 masseur-kinésithérapeute, 1 diététicienne, 2 psychomotriciennes, 1 orthophoniste, 2 sages-femmes, 1 orthésiste et 1 orthothérapeute. Cette année, cela a également permis de monter un centre de vaccination Covid dans ce village éloigné de 80 km de Grenoble, fait non négligeable pour la population.
Et lorsqu’on lui demande de tirer un bilan de cette expérience, Émilie est plus que positive : « Ce projet a représenté beaucoup de travail mais le retour est ultra positif ! Du point de vue des patients bien entendu mais aussi des soignants. Cela crée un vrai réseau entre professionnels de santé. Nous pouvons même alimenter le dossier de nos patients grâce à un logiciel métier partagé, soumis bien entendu à une charte de confidentialité. » D’ailleurs la pharmacienne ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La prochaine étape ? « J’ai repris mon bâton de pèlerin il y a 2 ans puisque la maison de santé pluridisciplinaire est une pro-étape de la CPTS. Une CPTS qui représentera sur le secteur environ 50 000 usagers. Il faut maintenant monter le projet avec l’ARS et la CPAM. »
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