Pour leur grande enquête annuelle, le Comité pour la valorisation de l'acte officinal (CVAO) et l'association Pharma Système Qualité (PHSQ) avaient choisi cette année de porter leur regard sur le premier recours à l'officine.
Les résultats de cette consultation, menée entre le 13 et le 27 octobre dernier, ont été rendus publics lundi dans le cadre du colloque du CVAO. « Les pharmaciens ont massivement répondu que la qualité princeps d’un bon conseil est l’écoute », ont d'emblée souligné Laëtitia Hible, présidente de PHSQ et Jean Michel Mrozovski, président du CVAO. De fait, l’écoute et la capacité à détecter les signaux d’alerte sont plébiscitées comme étant « important », voire « très important », à respectivement plus de 95 % et 90 %. De même, parmi les qualités nécessaires à un bon conseil, 88 % des pharmaciens interrogés jugent l'écoute très importante. La capacité à détecter des signaux d'alerte (75 % la jugent très importante), l'orientation vers un avis médical (66 %) et la connaissance des médicaments conseil (près de 53 %) arrivent ensuite. La connaissance des médicaments conseils ne remporte, elle, que 80 % des suffrages. Ces résultats, s'ils plébiscitent l'écoute, témoignent aussi de la nécessité de prolonger la démarche par le dialogue et l'échange. « C’est ainsi que l’écoute doit s’accompagner d’un questionnement actif sur ce qui est formellement dit. Cette capacité de traduire un ressenti en symptôme identifié est le point d’appui d’un conseil de premier recours efficace », estiment ainsi les auteurs de l'enquête.
Désertification médicale oblige
Quant à qualifier leur rôle dans le premier recours, les officinaux jouent plutôt la carte de la modestie. Ils ne sont en effet que 4,5 % à affirmer sans retenue qu'ils occupent la pole position à l'avant-poste du système de santé. Modestie relative car ils estiment tout de même à 88 % assumer ce rôle « souvent » Plus qu'une conscience profondément ancrée, il semble que ce soit surtout les circonstances qui amplifient le premier recours à l'officine. Et singulièrement l'impact prégnant de la désertification médicale dans l'Hexagone. Un phénomène « important » dont les officinaux témoignent à 71 %. À l'exception relative des grandes villes, la plupart des pharmacies sont ainsi confrontées à la désertification médicale. « L’accès rapide et confortable à un médecin des années 1970 à 80 est depuis longtemps révolu, souligne le CVAO, selon lequel le pharmacien a donc un rôle majeur à jouer dans un réaménagement de l’accès aux soins en favorisant une orientation pertinente vers la compétence efficace dans les meilleurs délais. »
Retour d'expériences ou sentiment partagé, le premier recours à l'officine est aujourd'hui une réalité professionnelle avec laquelle les officinaux de demain devront compter. Pour peu que leurs autorités de tutelles consacrent clairement ce rôle et le facilitent. Pour cela, il serait notamment « nécessaire que les pouvoirs publics puissent favoriser un fléchage vers les pharmacies des clients-patients souffrant d’affections passagères sans caractères de gravité », suggèrent ainsi pour finir les auteurs de l'étude.
D'après le colloque du CVAO du 23 novembre 2020.
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