Le Quotidien du pharmacien. - Comme en témoignent vos études économiques, les pharmaciens investissent chaque année pour rendre leur officine plus attractive ou plus opérationnelle. On peut noter une augmentation sur les 5 dernières années des dotations d’un montant supérieur à 100 000 euros. Comment analysez-vous cette accélération ?
Philippe Becker. - Il faut avoir à l’esprit que ces investissements réalisés supérieurs à 100 000 euros correspondent majoritairement à des travaux de rénovation de la pharmacie et/ou à l’achat de robots de dispensation. Ce sont ces gros postes qui expliquent les chiffres traduits par nos études. Si nous considérons que notre panel est représentatif, cela signifie qu’en 2020, sur les 22 000 pharmacies françaises, 750 d’entre elles ont sauté le pas et engagé des montants significatifs pour améliorer la performance de leur outil de travail. L’informatique et le numérique ne figurent pas dans nos chiffres car ils sont principalement financés en location longue durée.
Vos études notent une progression constante de ces investissements. Est-ce à dire que la rénovation de l’officine ou l’acquisition d’un robot sont incontournables pour développer son chiffre d’affaires ?
Christian Nouvel. - Investir pour développer l’activité n’est pas une nouveauté et depuis longtemps les officinaux savent qu’il faut consacrer une partie de leurs profits à cet objectif. Ce qui explique sans doute l’accélération, c’est la percée des groupements à enseigne qui imposent leur bannière et leur image. Concernant la robotisation, cela devient aussi un choix dicté par la pénurie de personnel, mais également par la nécessité de faire de la place dans le back-office pour réaliser les nouvelles missions.
Vous pensez donc que la crise sanitaire va obliger encore plus les pharmaciens à investir !
Philippe Becker. - C’est absolument certain et cela pourrait porter sur des montants importants car la crise sanitaire a révélé pour un grand nombre de pharmaciens une inadéquation entre les nouvelles missions et l’organisation générale de leur officine. Dans celles situées dans les centres-villes, mais aussi parfois dans les quartiers, il y a un manque criant de surface, et dans beaucoup d’autres mieux loties, il faut malgré tout repenser la disposition générale pour accueillir correctement la patientèle et respecter la confidentialité.
Ce sera par conséquent l’un des grands défis pour les prochaines années. À combien s’élèvera selon vous, le montant pour mettre une officine aux normes « nouvelles missions » ?
Christian Nouvel. - Le cahier des charges pourrait être lourd car il sera nécessaire de combiner les règles de confidentialité et d’accès aux médicaments. Aujourd’hui, les personnes sont parfois testées ou vaccinées devant le préparatoire après avoir parcouru un chemin les faisant passer devant les rayonnages des médicaments… La situation a imposé, nous le savons tous, des organisations bricolées pour faire face aux nécessités. Et c’est justement ce retour d’expérience qui permettra de définir ce que l’on devra faire et prévoir avec un agenceur. De manière générale, le coût au m² se situe entre 800 et 1 000 euros sachant que les prix et les délais augmentent actuellement.
Ce peut-être une occasion de revoir toute la pharmacie de fond en comble !
Philippe Becker. - C’est tout à fait vrai, car souvent les agencements des pharmacies sont le résultat d’empilements, d’ajouts et modifications sans grande cohérence – car nécessité fait loi ! Ce sera un vrai sujet professionnel et il serait probablement judicieux que des normes soient publiées rapidement sur ces questions pour orienter les choix.
Quelle est la première chose à entreprendre pour un pharmacien qui envisage de rénover son officine ?
Christian Nouvel. - S’il est locataire, il devra analyser son bail avec l’agenceur et un avocat afin de déterminer ce qui peut être réalisé avec ou sans autorisation du bailleur. Cela peut paraître banal, voire basique, d’évoquer cette première étape, mais elle est capitale pour ne pas se trouver ensuite en difficulté lorsque le chantier sera commencé.
Philippe Becker. - On n’oubliera pas de prendre des références sur le ou les entreprises choisies, ainsi que sur l’agenceur qui coordonnera les travaux. Son sérieux et sa maîtrise des travaux en milieu ouvert sont un point clé. De même, il conviendra de vérifier la solidité financière de tous les intervenants.
Ne faudra-t-il pas également consulter sa banque ?
Christian Nouvel. - Oui, bien sûr, dès que les premiers devis parviendront, il faudra exposer le projet à son banquier et pour cela demander à son cabinet comptable de faire une projection de l’exploitation sur 5 ans en intégrant les charges induites, les espérances en termes de chiffre d’affaires et aussi les économies induites par l’investissement. Il est par ailleurs conseillé de ne pas trop tarder non plus si le projet est abouti car les taux d’intérêt vont probablement remonter en 2022 !
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