Au terme d’un périple de 42 heures non-stop, trois véhicules affrétés par l’organisation Pharmaciens sans frontières 94, sont parvenus à rallier la ville de Lviv au nord-ouest de l’Ukraine. « Nous avons pu acheminer, vers des hôpitaux locaux, des palettes de médicaments confiés par l’association Tulipe, mais aussi des compresses, pansements et autres dispositifs médicaux », expose Patrick Angelvy, secrétaire général de Pharmaciens sans frontières 94 (PSF 94). « Nous avons compris pourquoi nous étions là », raconte, la gorge nouée, l’humanitaire qui compte de nombreuses missions à son actif, notamment en Afrique et en Haïti.
À nouveau, il a été heurté par ces scènes de civils en détresse et par cette tragédie qui se joue au cœur de l’Europe. Des civières occupées en majorité par des civils, des femmes, des enfants, des vieillards déambulant blessés dans les rues, sous la menace des tirs russes. Ou encore des jeunes, étudiants ou guides touristiques, devenus inutiles qui prêtent main-forte dans les hôpitaux.
La liste des besoins s'allonge de jour en jour
Cette opération a été menée en coopération avec l’association AMC France Ukraine et l’ambassade d’Ukraine en France qui a établi la liste des médicaments essentiels aux professionnels de santé sur place. « Nous avons également reçu le soutien du Laboratoire Urgo, ainsi que de PUI et de pharmaciens d’officine d’Île-de-France, tout comme d’infirmières ou de particuliers qui nous ont fourni compresses, pansements et autres produits d’urgence », recense le secrétaire général de PSF 94. Face à l’escalade de la situation, les besoins vont s’accroître. D’où l’urgence absolue de faire appel à la solidarité au sein de la profession.
Certes, les pharmaciens d’officine ne sont pas habilités à faire des dons de médicaments en nature. Ils peuvent toutefois offrir des compresses, des pansements, des bandes nylex, Velpeau et tout autre dispositif de soins. À l’instar des officinaux polonais rencontrés par Patrick Angelvy sur son trajet, qui aident les réfugiés en leur dispensant des produits d’urgence.
Les PUI, en revanche, peuvent tout à fait intervenir en proposant des produits aux organisations humanitaires telles que PSF 94. Comme le rappelle l’Ordre des pharmaciens, l'article L.5126-8 du CSP prévoit un dispositif spécifique d’approvisionnement des organismes à vocation humanitaire. Ainsi, en cas d'urgence, les établissements publics de santé sont autorisés à vendre en gros, sans réaliser de bénéfices, des médicaments non disponibles par ailleurs à des organisations à but non lucratif et à vocation humanitaire, ainsi qu'à l'État pour l'exercice de ses missions humanitaires. Cet approvisionnement doit respecter deux critères cumulatifs, l’un tenant à l’urgence de la situation et le second à l’indisponibilité des produits par ailleurs. La guerre en Ukraine, malheureusement, coche ces deux cases.
S’il est difficile d’acheminer de la morphine pour des raisons réglementaires, il a été par exemple possible d’approvisionner les établissements ukrainiens en Acupan, non-inscrit au tableau des stupéfiants. Mais le système de soins ukrainien, au bord de la rupture, a besoin de toujours plus de produits. La liste s’allonge de jour en jour : metformine, thyroxine, produits hémostatiques, anti mycosiques, mucolytiques mais aussi antibiotiques et antalgiques. « Notamment les formes pédiatriques de ces deux dernières classes de médicaments, ainsi que des antitussifs pour enfants, qui font cruellement défaut », souligne une pharmacienne de l’ONG AMC France Ukraine, précisant que la présentation par sachet est à privilégier.
D’autres matériaux, comme des lampes torches, sont également indispensables dans les hôpitaux, en raison des coupures d’électricité. « On recherche désespérément des garrots tourniquets », indique la pharmacienne avant d'ajouter « mais ils sont en rupture. »
Tous les pharmaciens souhaitant soutenir l’action de PSF 94 peuvent s’adresser à Patrick Angelvy (angelvy.patrick@wanadoo.fr) ou à Jean-Marc Merle, président de l'association (jm.merle@hotmail.fr).
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