« En un siècle, l'espérance de vie est passée de 45 à 80 ans. Cinq années sont attribuées aux progrès de la médecine curative et 30 aux progrès de l’hygiène et aux politiques de santé publique : assainissement et urbanisation, éducation sanitaire, nutrition, vaccination », expliquait le directeur des CDC (Center for Disease Control and Prevention) Jeffrey Koplan au début des années 2000.
C'est dire l'immense intérêt de la prévention… Plus une attitude qu'une discipline à part entière, la médecine préventive agit sur nos organismes comme un bouclier protecteur… et transparent. « La prévention est une médecine de long terme. Moins spectaculaire qu’une intervention chirurgicale ou que la médecine curative, elle est tout aussi efficace et légitime », résume Yannick Guillodo, médecin du sport au CHU de Brest et cofondateur de l’université citoyenne prévention santé (page 17). L'hygiène de vie, une diététique équilibrée et une activité physique régulière forment ainsi les piliers d'une prévention bien comprise. Mais il y a aussi, bien au frais dans les officines, d'autres précieux acteurs de prévention : les vaccins. Grâce aux génies combinés de Jenner et Pasteur, ces sérums protecteurs ont su progressivement chasser l'ennemi minuscule pour finir par opérer comme un autre bouclier transparent contre les infections (page 16). Mais paradoxalement, leur impressionnante efficacité a fait naître le doute chez certains… « Lorsqu'on ne voit pas la maladie, la balance bénéfice risque est difficile à estimer, et le besoin de vaccination peut être questionné », constate, un peu amère, Nathalie Garçon, grande spécialiste des vaccins (page 20). À force de transparence, le bouclier de la prévention ferait-il oublier pourquoi il a été construit ?