Neuf pharmacies de Bâle, en Suisse, participent depuis ce lundi 30 janvier à un essai pilote inédit. Pendant deux ans, elles vont vendre du cannabis récréatif à 374 personnes spécialement recrutées pour participer à cette étude. Objectif : mesurer les effets d'une distribution légale des produits à base de THC.
Cet essai pilote baptisé « Weed Care » aurait dû débuter en septembre. Il a été retardé de quatre mois car les produits utilisés pour les besoins de cette étude avaient échoué à passer les tests du contrôle qualité. Tout est aujourd'hui rentré dans l'ordre et les neuf officines bâloises volontaires ont commencé à distribuer du cannabis récréatif à un nombre restreint de candidats. Seulement 374 personnes (dont 302 hommes), âgées de 18 à 76 ans, pourront se procurer le produit après avoir montré leur carte d'identité. Ils auront le choix entre deux produits à base de haschich (résine de cannabis) et quatre produits à base de fleurs de cannabis. Les 374 volontaires sont tous des consommateurs réguliers de cannabis qui, jusqu'à présent, se fournissaient dans l'illégalité.
Les participants ont été divisés en deux groupes. Le premier peut se procurer du cannabis en officine dès aujourd'hui. Le second, en revanche, ne pourra pas le faire avant le mois de juillet et continuera donc de s'alimenter sur le marché noir en attendant. L'idée est ainsi d'observer les différences en matière de consommation et d'effets sur la santé entre les deux groupes. Le premier, qui aura recours à un cannabis contrôlé et régulé et le second, amené à consommer un produit à la qualité plus qu'incertaine.
À ce jour, seule la vente de cannabis à des fins médicales est autorisée en Suisse, ainsi que la vente à des fins non médicales lorsque la teneur en THC (la substance psychotrope du cannabis) est inférieure à 1 %. Depuis le 1er août, les patients suisses peuvent se voir prescrire du cannabis médical sur une simple ordonnance de leur médecin. L'étude qui commence ce 30 janvier à Bâle est donc novatrice car elle concerne des personnes qui consomment du cannabis à des fins uniquement récréatives. Interrogés par l'agence de presse Keystone-ATS, des participants expliquent notamment qu'ils ont voulu participer à cette étude pour ne plus acheter dans la rue des produits dont ils ne connaissent ni l'origine, ni la composition. « (Dans la rue) il n'y a pratiquement plus que des trucs toxiques et coupés avec de la saleté synthétique », explique ainsi un consommateur impliqué dans l'essai pilote.
Le projet « Weed Care » est prévu pour durer jusqu'à mars 2025. Pendant deux ans, les participants seront régulièrement interrogés sur leurs habitudes en matière de consommation de drogue, mais aussi sur leur santé physique et psychique. L'essai pilote est dirigé conjointement par le département de la santé de Bâle et des cliniques psychiatriques universitaires, sous la supervision de l'Office fédéral de la santé publique helvétique. Grâce à ces travaux, les autorités suisses espèrent tirer des enseignements scientifiques qui serviront à établir une nouvelle politique en matière de cannabis dans le pays.
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