EN 2012, et pour la première fois, le chiffre d’affaires des officines est en baisse, de 1,73 % en moyenne. L’analyse de 983 bilans d’adhérents de la FSPF clôturés l’an dernier fait en effet apparaître un chiffre d’affaires moyen qui s’établit à 1 547 000 euros, au lieu de 1 574 000 euros en 2011. Le chiffre d’affaires médian, lui, s’élève à 1 508 000 euros. « Pour les nombreux pharmaciens qui ne vérifient leurs comptes qu’une seule fois par an, au moment du bilan, le coup est dur. C’est très mauvais pour le moral, et cela crée une angoisse dans la profession », commente Philippe Besset, vice-président de la FSPF.
En outre, les officines qui connaissent une baisse de leur chiffre d’affaires sont plus nombreuses qu’auparavant : 56 % des officines, en effet, ont une évolution négative en 2012, et 23 % de ces officines enregistrent une baisse de 4 %. En comparaison, en 2011, « seulement » 47 % des pharmacies avaient vu leur chiffre d’affaires diminuer.
Face à cette baisse historique, les officines ne sont pas toutes égales. Pour les plus petites d’entre elles, il n’est pas possible de la compenser, en termes de marge ou de rentabilité, par les nouveaux modes de rémunération. Inversement, les pharmacies qui ont un chiffre d’affaires élevé arrivent mieux à compenser, grâce aux nouveaux modèles de rémunération, la diminution de leur activité. En outre, ces grandes officines compensent mieux également leurs revenus par rapport à la baisse de leur marge.
Marge en baisse.
La marge en valeur (c’est-à-dire en euros), justement, diminue en moyenne de 1,55 % en 2012. En pourcentage, le taux de marge moyen est de 28,3 % du chiffre d’affaires hors taxes, et le taux de marge médian de 28,1 %. Mais de ce point de vue, les officines sont inégalement réparties : 12 % ont un taux de marge inférieur ou égal à 26 %, alors que 31 % ont un taux de marge supérieur ou égal à 29 %. À noter aussi que le taux de marge des officines urbaines est globalement moins élevé que celui des officines rurales et, surtout, que celui des officines de centre commercial, qui ont toujours le meilleur taux de marge avec une moyenne de 29,2 %. Ces tendances sont stables depuis plusieurs années.
Autre remarque : si le taux de marge par rapport au chiffre d’affaires est indépendant de la taille de l’officine, la marge en valeur, elle, est liée à l’importance de l’officine. Ce qui signifie que le revenu du pharmacien dépend de la taille de sa pharmacie, mais aussi de sa gestion. Autrement dit, ce n’est pas parce que le pharmacien possède une petite officine qu’il gagne forcément mal sa vie, et, a contrario, ce n’est pas parce qu’il exploite une grande officine qu’il gagne obligatoirement mieux sa vie. Beaucoup dépend, entre les deux, de la gestion du personnel, notamment.
Quant aux charges, elles sont globalement bien tenues en 2012, avec une croissance de 0,29 % seulement. Mais il faut noter que les investissements sont beaucoup moins importants : c’est un signe inquiétant pour l’avenir, surtout avec une population de titulaires dont l’âge augmente.
Le résultat net des officines, par ailleurs, augmente légèrement en 2012, de 1,28 %. Le résultat par pharmacie s’élève, lui, à 94 000 euros, soit + 1,14 % par rapport à 2011, ce qui montre une stabilité du pouvoir d’achat du pharmacien, malgré la baisse de l’activité. Selon Philippe Besset, « ce bon résultat est obtenu principalement par la contraction des charges, et notamment des frais de personnel, et par l’effet de la convention pharmaceutique ».
Prestations en hausse.
Un autre élément important à relever dans les chiffres clés de l’officine en 2012 est la forte augmentation des prestations de services. Elles s’élèvent en moyenne à 35 000 euros, alors que leur montant moyen n’était que de 30 000 euros environ en 2011. Ces prestations de services vendues par les pharmaciens aux laboratoires permettent de compenser la baisse de l’activité et de la marge sur le médicament. Elles sont donc vitales pour de nombreux titulaires, alors même qu’elles sont contestées, actuellement, par certains services de l’État. Toutefois, comme le montre l’étude de la FSPF, elles dépendent beaucoup du chiffre d’affaires de l’officine.
Du côté du résultat courant avant impôt (RCAI), enfin, le montant moyen est de 90 000 euros, et le montant médian de 79 000 euros. Mais on note que près de 22 % des pharmaciens ont un revenu inférieur à 30 000 euros, 4 % d’entre eux ayant même un revenu négatif : par rapport à 2011, ces mauvais chiffres sont en augmentation en 2012.
Et si l’on compare ce revenu courant avant impôt avec celui d’un pharmacien salarié, on s’aperçoit que 34,5 % des pharmaciens titulaires ont un revenu inférieur au salaire net d’un pharmacien gérant rémunéré au coefficient 800 de la convention collective. Or ce pourcentage de pharmaciens n’était que de 33 % en 2011. Il est donc en augmentation ces derniers mois.
Article précédent
Holdings et succursales : avantages et inconvénients
Article suivant
Un bel avenir sous conditions
Près de la moitié des revenus sous forme d’honoraires ?
Une lente évolution historique
Il y a urgence à changer de modèle
À qui appartiennent les officines en Europe ?
Développement des génériques : l’influence de la convention
Marché du médicament : une baisse d’activité historique
Holdings et succursales : avantages et inconvénients
Entreprise officinale : des ratios inquiétants
Un bel avenir sous conditions
Les contrats de coopération commerciale sur la sellette
Les pistes d’une réforme pour un système de santé optimal
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires