Le Quotidien du pharmacien. - Avez-vous des retours de patients qui se trouvent en difficulté car leur médecin ne peut plus exercer à cause de l'obligation vaccinale contre le Covid ?
Gérard Raymond. - Pour l'instant, nous en avons assez peu. De notre point de vue, il est regrettable que des soignants refusent de se faire vacciner. Nous avons toujours dit être en faveur de l'obligation vaccinale, notamment pour les libéraux. Même si l'obligation crée quelques difficultés, nous assumons toujours cette position aujourd'hui.
Cette mesure met en lumière la situation des déserts médicaux dans certains territoires, privés du jour au lendemain de l'un de leurs médecins. La crise du Covid est-elle en train de relancer la question du maillage médical ?
La crise sanitaire a en effet servi de révélateur et a encore plus démontré à quel point les déserts médicaux étaient le résultat de la désorganisation de notre système de santé. L'élection présidentielle approche et nous comptons d'ailleurs faire un certain nombre de propositions. Premièrement, il est important qu'il y ait une véritable coordination entre les professionnels de santé. Les outils numériques doivent également permettre de créer un véritable lien entre les patients et les soignants. Pour les médecins spécifiquement, je ne pense pas qu'il soit pertinent de remettre en cause la liberté d'installation comme l'a récemment proposé un député, mais il faudrait peut-être songer à ne plus conventionner les médecins qui souhaitent s'installer dans des territoires déjà bien pourvus. Il faut que l'on réfléchisse à des modèles différents et surtout pérennes. L'organisation territoriale en matière de santé est complètement à revoir. C'est aujourd'hui sans doute le bon moment pour faire des propositions, même si je redoute fort que l'on se heurte, encore et toujours, au corporatisme de certains.
Concernant l'accès aux soins, renforcer encore les pouvoirs du pharmacien vous semble-t-il une bonne solution ?
Le pharmacien est le seul professionnel de santé en accès direct. Il est bien établi, bien connu des patients, donc il pourrait avoir encore davantage de responsabilités dans le conseil et l'orientation. Pourquoi le médecin serait-il la seule porte d'entrée alors que d'autres acteurs sont là ? Le pharmacien est l'expert du médicament, il pourrait avoir un pouvoir, un rôle encore plus important sur les questions relatives à l'iatrogénie, aux pathologies chroniques, aux équilibres nutritionnels ou encore dans le conseil en santé publique.
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