Maisons de santé, regroupements, transferts

Les nouveaux remèdes aux déserts médicaux

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Publié le 06/03/2017
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Maisons de santé, regroupement, transfert… autant de solutions auxquelles les pharmaciens recourent pour pallier le manque de prescripteurs sur leur territoire. Une dynamique qui ne se dément pas sur le terrain mais qui ne doit pas, pour autant, négliger les effets potentiellement délétères d’une législation sur le maillage officinal.

Et si les pharmaciens gagnaient du terrain au fur et à mesure que les médecins en perdent ? Face à l’avancée des déserts médicaux, les pharmaciens rivalisent d’ingéniosité et de ténacité pour maintenir la présence de professionnels de santé sur les territoires. Une ardeur à peine intéressée puisque la pérennité de prescripteurs représente un enjeu majeur pour l’ancrage des officines dans ces mêmes territoires.

Rien d’étonnant, donc, à ce que de Ruffiac à Bergerac, en passant par Amiens, les titulaires prennent, chacun à leur manière, le problème à bras-le-corps. Alors que l'un, franc tireur, aménage lui-même le cabinet médical du prescripteur convoité, les autres, regroupés en collectif, avec ou sans les élus locaux, pèsent de tout leur poids pour obtenir la création de postes de médecins dans une maison de santé communale.

Les maisons ou pôle de santé, bien qu’en pleine expansion, ne sont cependant encore qu’un miroir aux alouettes, environ 5 % des professionnels de santé exerçant aujourd’hui dans ces structures. Ces nouvelles structures ne demeurent pas moins un poste avancé des soins sur les territoires, et pour les pharmaciens, l’opportunité d’être propulsés au cœur d’une interprofessionnalité, voire du parcours patient, la loi santé ayant ouvert de nouvelles perspectives en matière de liens ville hôpital.

La proximité, une notion à préserver

Les acteurs du marché observent cependant avec circonspection cet enthousiasme pour les maisons ou pôles médicaux dont on sait qu’ils induisent transfert et regroupement d’officine. « N’ajoutons pas de la désertification aux déserts existants », mettait en garde, il y a un an, à PharmagoraPlus, Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Il appelait à la plus grande vigilance afin que ces nouvelles opportunités pour la profession ne s’opèrent pas au détriment de la notion de proximité.

La concentration territoriale au sein d’une même et seule structure peut en effet conduire les titulaires à abandonner leur positionnement de premiers recours, alors même qu’ils sont cités par les Français comme les professionnels de santé les plus proches (2,2 km contre 5,3 km pour les médecins généralistes) *.

L’accueil que la profession a réservé au projet d’ordonnance du maillage officinal visant à simplifier les règles d’installation, de transfert et de regroupement des officines traduit le souci des pharmaciens de préserver, à tout prix, cette notion de proximité qui fait leur image.

Syndicats en tête, les pharmaciens n’ont pas hésité à balayer d’un revers de la main, les deux versions qui leur ont été successivement présentées. Et pour cause, ces deux moutures laissaient entrevoir le retour de la voie dérogatoire, des transferts dérogatoires et l’apparition de succursales en zones fragiles. Soit, par conséquent, un danger de dégradation du réseau pour l'ensemble des zones rurales.

Le combat de la profession pour préserver l’exercice personnel du pharmacien dans ces territoires fragilisés continue. En attendant le projet d’ordonnance dans sa troisième version.

* Observatoire de l’égalité de l’accès aux soins, Vague 2, Ipsos pour la FHF, avril 2015

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3331