Dès que les recommandations du HCSP ont filtré, Paul Winter, P-DG de Franprotec à Roncq (Hauts-de-France), a réagi pour adapter son outil industriel.
Ce dirigeant avait, depuis mai 2020, monté en puissance sa production de masques chirurgicaux. Cette semaine, il a commandé en Chine huit machines de fabrication de masques FFP2, permettant de calibrer la production de ces masques à 55 millions, voire 60 millions d'unités par an. « Nos fabricants européens ne pourront nous fournir de machines avant cinq à six mois. À cette date, je remplacerai mes machines chinoises par des Européennes comme je l’avais fait pour les masques chirurgicaux », indique Paul Winter. Il aura alors investi plus de six millions d'euros depuis le début de la crise sanitaire, dont 1,5 million d'euros dans une machine haute cadence de masques FFP2.
Dès début mars, 100 000 FFP2 sortiront chaque jour des lignes de production de Franprotec ; la société est actuellement en attente de son numéro CE et de son AMM pour ces modèles. Une inconnue subsiste cependant pour cette entreprise française de 57 salariés. Le coût de production d’un masque 100 % made in France, matière première comprise, est trois à quatre fois plus élevé que celui d’un masque chinois. Les répercussions sur les prix publics sont inévitables. Comment dans ces conditions s'assurer un accès au marché des officines françaises ?
Vendez français !
Paul Winter a déjà essuyé les plâtres avec les masques chirurgicaux. Alors que la Chine les vend 7 centimes d'euro pièce, il a aligné le prix de ses produits type II et type IIR à 8 centimes dès le 1er janvier quand la prise en charge de l’assurance-maladie a baissé à 10. « La seule solution pour assurer la rentabilité est d’augmenter les capacités de production », analyse l'industriel, qui s’apprête à exporter en Allemagne, pays très demandeur de made in Europe.
Grégory Tempremant, président de l'URPS Pharmaciens des Hauts-de-France, est pour sa part convaincu de la nécessité de sécuriser un approvisionnement français. Le souvenir des ruptures des chaînes de fabrication chinoises, il y a un an, est encore vif. Le président de l’URPS, insiste : « il est primordial de garantir une filière qualitative pérenne et de maintenir la production sur notre territoire. » Il espère que son message sera reçu par le réseau officinal des Hauts-de-France et même au-delà. L’Union des syndicats de pharmacie d’officine (USPO) s’est engagée, elle, à relayer sur son site les adresses de fabricants français afin de faciliter le sourcing des pharmaciens en masques made in France.
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