LA MDL a eu 20 ans ce mois-ci. Depuis 20 ans cette MDL a profondément modifié l’économie officinale, en accentuant les différences entre officines.
Bien qu’étant à l’origine de cette marge, la profession ne la maîtrise toujours pas, 20 ans après sa mise en place. Bien qu’elle soit décriée et désignée comme responsable de la dégradation de nos économies, la MDL a apporté une sécurité économique pour ceux qui ont privilégié la qualité de l’acte de dispensation, récompensant ainsi le respect de l’éthique, de la déontologie et du rôle que nous devons jouer dans le réseau des professionnels de santé et a sanctionné les dérives de notre exercice.
En dépendant essentiellement du prix de remboursement du médicament, la MDL a figé dans un premier temps la valeur de la marge des médicaments remboursables et a permis la mise sur le marché de médicaments plus onéreux.
Le taux de la MDL en fixe la valeur ajoutée, toute baisse de taux s’accompagnant d’une augmentation de valeur associée à une augmentation de prix. Cette simple constatation aurait dû pousser nos syndicats à modifier leur discours et ne plus allier baisse de taux de marge avec baisse de rémunération, ce qui était la conséquence naturelle de la marge quand elle était linéaire.
Quand la baisse d’un taux de marge linéaire, fixé arbitrairement, s’accompagne d’une baisse de rémunération par la baisse du prix administré, d’autant plus importante que le prix est élevé, la baisse du taux de la MDL est la traduction que la moyenne des prix administrés a augmenté et, par voie de conséquence, que la rémunération moyenne a aussi augmenté, augmentation d’autant plus importante si la moyenne des prix a fortement progressé.
Même si ce principe semble avoir été compris, les conséquences économiques de cette MDL, liées étroitement aux stratégies de développement officinal, n’ont jamais été décrites ni comprises.
Les prix de remboursement étant fixés quasi définitivement, l’évolution de la MDL est due essentiellement au glissement des traitements pour les pathologies chroniques vers des produits de plus en plus onéreux. Les pathologies chroniques étant en progression constante du fait du vieillissement de la population (3 mois d’espérance de vie supplémentaire par année d’existence sur les 20 dernières années), les dépenses médicamenteuses remboursables ont une augmentation régulière malgré la baisse des volumes, les baisses de prix dues aux génériques et malgré les déremboursements, la conséquence étant la progression régulière de la valeur ajoutée de leurs traitements.
Cette constatation signifie que la MDL a permis une revalorisation régulière de la rémunération des prescriptions pour les pathologies chroniques, revalorisation profitant essentiellement à l’économie des pharmacies de proximité et renforcé par la mise en place des génériques depuis 10 ans puisque la valeur ajoutée du princeps est conservée, mais cela signifie aussi que cette même MDL « fixe » la rémunération des traitements occasionnels ou saisonniers à des niveaux très faibles car ils ne bénéficient pas des réévaluations technologiques des traitements chroniques, entraînant ainsi une dégradation économique des officines ayant rompu leur équilibre en privilégiant les volumes à la qualité de dispensation.
Une des conséquences les plus importantes de la MDL est que l’économie d’une officine peut être très sévèrement pénalisée par des augmentations de fréquentation non maîtrisées. Une modification du ratio entre les dispensations de traitements chroniques et saisonniers, à l’avantage de ces derniers, et c’est la rentabilité nette de l’entreprise qui est mise en danger.
Vingt ans après sa mise en place, la MDL a tellement accentué la différence de rémunération moyenne à l’ordonnance entre les officines de proximité et les officines commerciales, qu’il est quasiment impossible de modifier le mode de rémunération actuel sans léser économiquement les pharmacies de proximité. Une simple rémunération à l’acte basée sur la valeur ajoutée moyenne nationale apportée par l’ordonnance ferait perdre 10 % de leur valeur ajoutée personnelle à prés de 20 000 officinaux quand elle en ferait gagner 30 % aux 3 000 autres.
En préconisant cette marge il y a 20 ans, la profession a créé une marge spécifique à notre activité libérale, à l’opposé de la marge linéaire qui est la marge du distributeur ou du commerçant, en oubliant simplement de créer les indicateurs nécessaires au suivi économique de cette marge que nous sommes seuls à utiliser.
En assimilant à tort la MDL à une marge linéaire, les responsables économiques de notre profession ont non seulement fait le choix de soutenir un modèle économique inadapté à son fonctionnement, mais ont aussi faussé les analyses comptables en ne fournissant pas les éléments nécessaires à la compréhension économique de notre activité avec cette marge.
Si au bout de 20 ans, nos responsables syndicaux ne sont pas encore capables de mesurer les conséquences économiques d’une rémunération qu’ils ont eux-mêmes contribué à mettre en place, et qui a heureusement permis une revalorisation de prés de 50 % en 10 ans de la rémunération à l’ordonnance pour ceux qui ont eu un exercice libéral, comment pourraient-ils évaluer les conséquences économiques de la nouvelle rémunération qu’ils appellent de leurs vœux.
La MDL a 20 ans ce mois-ci, les pharmaciens professionnels de santé ne peuvent que lui souhaiter une longue vie.
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