La quasi-totalité des pharmaciens référencent des autotests du Covid et jouent pleinement leur rôle de conseil dans ce nouveau dépistage. Il en est de même pour les tests antigéniques. Cependant, les baisses de prix et de la rémunération pourraient fissurer leur détermination, selon un sondage de l’USPO.
Sans hésitation, les pharmaciens se sont lancés dans la distribution et la vente d’autotests, autorisés exclusivement au circuit pharmaceutique depuis le 12 avril. Selon une enquête menée par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) auprès de 1 800 titulaires, 97 % d’entre eux déclarent en avoir référencé. 68 % en ont délivré à des professionnels pouvant prétendre à la prise en charge par l’assurance-maladie. La majorité des pharmaciens en ont également vendu à leur patientèle.
Cependant, 53 % d'entre eux déclarent avoir été confrontés à des cas non éligibles. Un signal d’alerte et une preuve, souligne Gilles Bonnefond, président de l’USPO, que ce mode de dépistage doit rester réservé à une stratégie santé et ne pas être ouvert à la grande distribution. Car, insiste le président de l’USPO, « 92 % de ces pharmaciens ont alors refusé la vente et orienté le patient vers un test PCR ou un test antigénique ».
Mais alors que le prix de vente maximum des autotests baissera de 6 euros actuellement à 5,20 euros à partir du 15 mai, les pharmaciens subissent déjà une première attaque sur le front du dépistage. Car depuis aujourd’hui, le tarif pour la réalisation d’un test antigénique en pharmacie baisse de 26 euros à 22,20 euros pour l’acte. Et sa prise en charge passe de 7,49 euros à 6,79 euros. Les pharmaciens perdent donc près d’4,50 euro au total par dépistage, et perdront à nouveau 3,98 euros à partir du 1er juillet.
En passant sous le seuil fatidique des 30 euros, ce tarif entame l’enthousiasme des pharmaciens. Selon une enquête de l’USPO, 73 % des pharmaciens ont déclaré qu’ils arrêteraient de réaliser des tests si ceux-ci étaient rémunérés moins de 30 euros. Ils estiment que ce montant n'est pas à la hauteur de l’activité, ni aux investissements en équipement qui sont engendrés. « Les pharmaciens vont-ils encore accepter de faire des tests antigéniques en mai et en juin, alors même qu’un dépistage accru sera demandé en raison de l’assouplissement des règles de confinement ? », s’interroge Gilles Bonnefond, constatant que « le quoiqu’il en coûte est désormais fini ! ». Pour autant, les pharmaciens peuvent difficilement adopter une attitude négative en période de crise, souligne le président de l’USPO, qui suggère aux confrères de faire entendre leur mécontentement sur les réseaux sociaux, et pourquoi pas en adressant un mail au ministère de la Santé.
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