M. Arnaud G., 50 ans
Aténolol/nifédipine 50/20 mg 1 gélule/jour
Atorvastatine 1 comprimé au dîner
Clopidogrel 75 mg 1 cp chaque matin
Le contexte :
M. G. se partage entre son jardin, sa maison, ses amis et… des repas arrosés. Traité pour hypertension depuis près de six ans, victime d’athérosclérose, il reste pourtant peu convaincu de l’intérêt d’un suivi médical. L’association entre un bêtabloquant (aténolol, 50 mg) et un inhibiteur calcique (nifédipine, 20 mg LP) a une puissante action antihypertensive.
L’atorvastatine, un inhibiteur de l’HMG-CoA-réductase, est indiquée essentiellement dans le traitement des hypercholestérolémies pures (type IIa) ou mixtes de type IIb. Les statines permettent d’espérer une réduction de 25 à 60 % du taux de LDL-C, selon la dose utilisée et la puissance de la molécule. Leur usage reste prudent chez un patient ayant des problèmes avec l’alcool (toxicité hépatique potentielle, à surveiller)… mais il est difficile d’évoquer cette question avec Monsieur G., tout comme la nécessité d’associer un régime alimentaire adapté à l’usage d’un hypocholestérolémiant.
Le clopidogrel, un anti-agrégant plaquettaire indiqué en prophylaxie des événements liés à l’athérothrombose, est destiné à prévenir la constitution d’un caillot au niveau des plaques d’athérome.
Votre conseil :
Le médecin a oublié de préciser le dosage de l’atorvastatine : le dossier informatisé du patient montre qu’il s’agit de comprimés dosés à 40 mg.
Le pharmacien propose régulièrement à ce client un traitement de substitution nicotinique - qu’il refuse -, lui remet des brochures d’information sur les dyslipidémies, et lui rappelle surtout l’importance de signaler au médecin la survenue de toute douleur, crampe ou faiblesse musculaire (signe prodromique d’une possible rhabdomyolyse).
M. Sliman A., 52 ans
Glucovance 500/2,5 1 cp matin, midi et soir
Irbésartan 300 mg 1 cp le soir
Rosuvastatine 20 mg 1 cp le midi
Nicopatch 21 mg/24 h 1 patch/jour
Qsp un mois
Le contexte :
Atteint depuis plus d’une quinzaine d’années par un diabète de type 2, M. A. souffre d’hypertension et d’une hypercholestérolémie liée à l’évolution de la pathologie. Un médecin remplaçant vient de renouveler l’ordonnance de ce patient qui suit son traitement avec sérieux.
Bithérapie traitant le diabète de ce patient, Glucovance associe un biguanide, la metformine (500 mg ici), et un sulfamide hypoglycémiant, le glibenclamide (2,5 mg ici).
L’irbésartan, un antagoniste de l’angiotensine II, est indiqué comme antihypertenseur mais il bénéficie aussi d’une indication dans le traitement de l’atteinte vasculaire rénale chez le sujet hypertendu diabétique de type 2 : il ralentit l’évolution de l’insuffisance rénale (légère chez Monsieur A., ce qui autorise la prescription de rosuvastatine à cette posologie).
La rosuvastatine, principe actif de Crestor, est une statine indiquée en prévention des événements cardiovasculaires majeurs chez les patients estimés à haut risque de faire un premier événement. Le traitement a été instauré il y a trois mois : une posologie de 10 mg/j étant insuffisante au terme des 4 premières semaines de ce traitement, le cardiologue l’a porté à 20 mg/j.
Nicopatch réalise une substitution nicotinique par voie transdermique chez ce patient tabagique invétéré mais qui a décidé d’arrêter de fumer. La posologie du substitut nicotinique sera abaissée par paliers d’un ou deux mois, selon ses résultats.
Votre conseil :
Avant tout, des conseils généraux d’hygiène de vie : respect de consignes diététiques, pratique d’un exercice physique adapté même s’il est parfois délicat en raison de la claudication à l’effort, suppression du tabac. Les conseils de surveillance biologique et clinique (cardiaque, rénale, ophtalmologique, etc.) et iatrogénique (atteinte musculaire sous rosuvastatine) ont été prodigués par le médecin. S’ajoutent à ceux-ci des conseils spécifiques sur l’utilisation des patchs (auxquels Monsieur A. a recours pour la première fois).
Mme Nathalie T., 52 ans
Enbrel seringue 50 mg une injection de 50 mg/semaine
Imeth 2,5 mg un comprimé/semaine
Qsp un mois
Le contexte :
Souffrant d’une polyarthrite rhumatoïde fortement handicapante, Mme T. vient chercher son traitement, sur présentation d’une ordonnance du rhumatologue libéral qui la suit entre ses visites annuelles dans une unité spécialisée du CHU.
Le méthotrexate (Imeth) constitue le traitement de fond de référence de la polyarthrite rhumatoïde. Cet antifolate, inhibant la prolifération cellulaire, est aussi prescrit en cancérologie. Il exerce par ailleurs une forte activité immunomodulatrice. La posologie de méthotrexate est incorrecte : la dose habituelle est de 7,5 mg à 15 mg une fois par semaine. Contacté, le médecin modifie l’ordonnance : il domine mal encore un nouveau logiciel d’aide à la prescription…
L’Enbrel (étanercept) inhibe la fixation du TNF-alfa à ses récepteurs. Il est indiqué dans le traitement de la PAR modérément à sévèrement active en cas de réponse inadéquate aux traitements de fond (y compris le méthotrexate). Le schéma posologique retenu pour l’Enbrel est valide même s’il est plus courant de prescrire 25 mg deux fois par semaine.
Votre conseil
Enbrel est un médicament d’exception soumis à prescription initiale annuelle hospitalière par un rhumatologue ou de quelques autres spécialistes. Le renouvellement peut être réalisé par tout spécialiste, ici un rhumatologue, libéral. Toutefois, la patiente devrait bien sûr présenter l’ordonnance initiale hospitalière, qu’elle a oubliée. Comme il s’agit du quatrième renouvellement, le pharmacien connaît patiente et traitement, mais lui rappelle de ne pas oublier le document par la suite…
L’Enbrel se conserve au réfrigérateur (2-8 °C). Il est prêt à être injecté.
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