Un rapport sur le chemsex commandé par le gouvernement établit un état des lieux et formule des recommandations. La priorité : élaborer une réponse globale en matière de prévention, réduction des risques, prise en charge à destination des personnes pratiquant le chemsex, en reliant santé sexuelle, santé mentale et addictions.
La pratique du chemsex, c’est-à-dire avoir des rapports sexuels sous l’emprise de drogues, semble se développer en France depuis les années 2010, en lien avec l’arrivée de nouveaux produits de synthèses, principalement de la famille des cathinones. Mais à ce jour, les rares données consolidées ne permettent pas d’évaluer le phénomène. Pourtant, des professionnels de santé et des acteurs associatifs locaux alertent d’une augmentation du nombre d’usagers et de consommations problématiques, révélées notamment dans le contexte de la crise du Covid-19.
C’est dans ce cadre qu’un rapport a été commandé en septembre 2021 au Pr Amine Benyamina, chef du service psychiatrie et addictologie de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif (Val-de-Marne) et président de la Fédération française d’addictologie. Celui-ci estime que le chemsex concerne encore principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) mais craint une diffusion plus large avec la démocratisation des applis de rencontres géolocalisées, soit a minima un potentiel de 100 000 à 200 000 personnes en France. Le rapport pointe notamment les cathinones de synthèse, mais aussi le GHB et le GBL, la cocaïne, la MDMA, la kétamine et la méthamphétamine.
Le Pr Benyamina appelle à une stratégie de santé publique adaptée aux « particularités des personnes concernées, sans moralisme ni discrimination ». Le repérage de ces personnes devrait par exemple s’appuyer sur une collaboration avec les sites spécialisés et les applications de rencontre, et passer par des dispositifs d’aller vers via des associations communautaires, notamment des HSH, d’usagers de drogues ou d’autosupport. Les stratégies d’intervention devront quant à elles reposer sur un réseau de compétences médico-sociales (CAARUD, CSAPA), hospitalières et psychiatriques, ainsi que sur les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par les virus de l’immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (CeGIDD).
Le ministère de la Santé salue le travail effectué par le Pr Benyamina et ses recommandations qui vont « enrichir les actions » prévues dans la feuille de route santé sexuelle 2021-2024, en particulier le projet « accompagnement en réseau pluridisciplinaire amélioré (ARPA) – chemsex » porté par les associations Aides et Fédération Addictions. Cette feuille de route prévoit notamment le développement d’un annuaire et d’une cartographie de la santé sexuelle sur Sante.fr, autant pour les usagers que pour les professionnels. Son objectif est aussi de renforcer la place des médecins généralistes à travers la consultation longue en santé sexuelle et l’accessibilité du traitement post-exposition au VIH.
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