Au cours des années 60 et 70, des études avaient montré qu'il était possible d'aider les patients alcoolodépendants à limiter leur consommation avec un psychotrope comme le LSD (Lire aussi « Quand les psychédéliques reviennent dans le champ de la thérapeutique » dans notre édition du 13 octobre). Pourtant, cette piste de recherche n'avait pas été poussée plus loin. « Après un hiatus de 40 ans, de nouvelles données ont été publiées en 2015, démontrant que des doses modérées à élevées de psilocybine étaient bien tolérées et associées à une réduction de la consommation d'alcool », rappellent les auteurs.
Les chercheurs ont recruté 93 participants consommant de fortes quantités d'alcool au moins 4 jours par semaine, au cours des 30 jours précédents. Dans le groupe traité, les patients ont bénéficié de deux administrations de psilocybine à haute dose (en semaines 4 et 8), associées à 12 semaines de séances de psychothérapie. Ils ont été comparés à un groupe « placebo actif », bénéficiant aussi de séances de psychothérapie et de deux prises de diphénhydramine à haute dose.
Échec du double aveugle
Au cours des 32 semaines de suivi, 9,7 % des patients du groupe psilocybine répondaient toujours aux critères des gros consommateurs d'alcool contre 23,6 % dans le groupe diphénhydramine. Sur le critère de la consommation quotidienne moyenne d'alcool, les résultats sont aussi en faveur de la prise de psilocybine. Si les données de sécurité de l'étude sont bonnes, les auteurs insistent sur le fait qu'il s'agissait d'un essai réalisé dans des conditions extrêmement contrôlées : les patients restaient en observation pendant les 8 heures suivant la prise du médicament.
Le choix d'utiliser de la diphénhydramine en guise de placebo était motivé par la volonté de réaliser une étude en double aveugle, ce qui n'avait jamais été réalisé par le passé. Il fallait en effet que le groupe placebo ressente des effets psychotropes similaires à ceux du groupe psilocybine. Malgré cela, plus de 90 % des patients et des psychothérapeutes qui les ont suivis ont pu deviner dans quel groupe ils se trouvaient. Cette levée involontaire du double aveugle constitue une limitation de l'étude, reconnaissent les auteurs, appelant à poursuivre la recherche sur des effectifs plus importants et avec un placebo actif plus adéquat.
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