Le sevrage du patient alcoolodépendant ne constitue pas une fin en soi, mais un moyen, celui de l’abstinence conquise : le travail psychologique qui suit se prolonge souvent plusieurs années (psychothérapie). Il est généralement réalisé en ambulatoire, en liaison avec un centre d’addictologie ou avec un groupe d’anciens buveurs. Trois spécialités bénéficient d’une AMM dans ce contexte : disulfirame, acamprosate et naltrexone. Le baclofène peut être utilisé ainsi, même s’il l’est surtout, en seconde intention, pour réduire la consommation (cf. plus loin).
Disulfirame
En inhibant l’activité de l’acétaldéhyde-deshydrogénase, le disulfirame (Espéral) bloque le catabolisme hépatique de l’alcool et induit l’accumulation d’acétaldéhyde. Ce métabolite est à l’origine d’une réaction physiologique désagréable, avec rougeur faciale (flush lié à une brutale vasodilatation), céphalées, sueurs abondantes, nausées voire vomissements, accélération brutale du rythme cardiaque. Cet effet, dit « antabuse » (néologisme : anti-abus), induit une aversion à l’égard de l’alcool. Le disulfirame constitue un accompagnement pour un patient volontaire à demeurer abstinent.
Acamprosate
Analogue structural du glutamate, l’acamprosate (Aotal) agit sur le renforcement négatif, par régulation de l’activité glutamatergique. Il diminue le besoin de boire chez le patient sevré. Il est contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale sévère.
Naltrexone
La naltrexone (Révia), un antagoniste opioïde, bloque chez le sujet alcoolodépendant l’effet de renforcement positif induit par la sécrétion d’opioïdes endogènes au niveau limbique : sa prescription vise le patient présentant une dépendance psychique, en association avec un soutien psychologique. Son administration à un patient sevré limite le besoin d’ingérer de l’alcool.
C’est l’un de ses métabolites, le 6-bêta-naltrexol, dont la demi-vie est prolongée (environ 12 heures contre 3 heures pour la molécule-mère), qui explique sa longue durée d’action : la naltrexone s’administre en une prise par jour, et est contre-indiquée en cas d’insuffisance hépatique sévère.
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