La première démarche du médecin face à un patient évoquant un « problème » avec l’alcool vise à préciser la nature comme l’authenticité de la demande, en essayant de cerner le vécu de la conduite d’alcoolisation. Il reste exceptionnel qu’un patient sollicite un soin dans ce domaine : c’est généralement le médecin qui suspecte puis dépiste un mésusage d’alcool dans un contexte, peu favorable, où le patient consulte pour une pathologie somatique qu’il n’associe pas, ou ne souhaite pas associer, à sa consommation.
C’est l’une des raisons expliquant d’ailleurs que seulement 8 % des patients alcoolodépendants bénéficient de soins en France. Le praticien l’amènera à reconnaître les risques associés à sa conduite puis réalisera, si possible, une alliance thérapeutique en veillant à ne pas précipiter sa décision. Le patient gagnera à être revu plusieurs fois avant d’accepter de s’engager dans une démarche de soins.
Longtemps, il fut tenu comme un dogme que la plupart des pathologies induites par l’abus d’alcool ne pouvaient être traitées sans sevrage suivi d’une abstinence indéfinie. Cependant, il est difficile - sinon impossible - pour de nombreux patients alcoolodépendants de satisfaire une abstinence complète et/ou durable : ayant une connotation moralisante, celle-ci n’est pas acceptée comme une proposition thérapeutique.
Le médecin pourra donc, dans ce cadre, proposer une autre stratégie, reposant sur une réduction de la consommation en veillant à la quantifier et à en déterminer les moyens de contrôle : de nombreux spécialistes en font désormais, pour certains patients, un choix thérapeutique pragmatique réduisant le risque individuel (morbi-mortalité somatique et psychique) et social (accidents, violence, etc.) associé aux conduites d’alcoolisation.
Cette stratégie de réduction de la consommation d’alcool offre, comme l’abstinence, les avantages d’une réduction des dommages sanitaires et sociaux individuels comme collectifs.
Globalement, ramener la consommation au niveau des repères de l’INPES (‹ 30 g/j pour un homme, 20 g/j pour une femme) est aussi efficace qu’une abstinence totale : si la proportion de patients alcoolodépendants pris en charge passait de 10 % (ce qu’elle est à l’échelle européenne) à 40 %, 9 % des décès associés à l’alcool chez la femme et 13 % chez l’homme seraient évités.
Objectif pragmatique, la réduction des risques (RdR) améliore la qualité de vie du patient. Elle contribue à élargir le périmètre de l’accès aux soins en y incluant des patients qui ne pourraient suivre un parcours imposant l’abstinence, les innombrables patients qui ne se perçoivent pas comme « alcooliques » et présentent des troubles légers à modérés liés à l’usage d’alcool, ou enfin ceux qui vivent comme une stigmatisation sociale le fait de ne plus pouvoir boire.
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