Le jardin sentinelle

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Publié le 29/03/2022
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C'est peut-être l'enfer des nez allergiques… mais c'est tout de même un joli jardin. Le pollinarium de Rennes domine la ville et veille comme une sentinelle. Juché sur le toit de la bibliothèque, il expose à la brise printanière les fleurs d'une quinzaine d'espèces soigneusement choisies. Ni pour leur esthétique, ni pour leur parfum, mais pour leurs pollens réputés les plus allergisants de la région. Ray-grass, fléole, houlque laineuse, dactyle, fromental bulbeux, flouve odorante, ou encore bouleaux, chênes, noisetiers et saules composent ainsi cette irritante collection végétale. Tous ces plants ont été prélevés dans la nature, dans un rayon de 20 kilomètres autour de la ville. Comme les dix-neuf autres pollinariums de France (dont quatre en cours d'ouverture), ce jardin, surveillé par un botaniste comme le lait sur le feu, permet de donner l'alerte quand la saison pollinique débute. « En ce moment ce sont le saule et le noisetier qui émettent le plus. D'ici à deux semaines on aura les graminées avec le vulpin et la flouve odorante », observe ainsi Hervé Tiger, jardinier-botaniste de la ville de Rennes.

Chaque matin, le guetteur aux doigts verts passe en revue la floraison des espèces sélectionnées et note sur un petit carnet la date de début et de fin d'émission. Les informations sont ensuite validées par un médecin allergologue, entrées dans une base de données centralisée à Nantes et diffusées à la population. À Rennes, 1 300 patients et médecins figurent dans cette base, l'inscription étant gratuite. « Chaque zone a ses alertes, car les plantes allergisantes ne sont pas forcément les mêmes partout », précise le jardinier. Grâce à cette procédure, les antihistaminiques peuvent être administrés dès le premier gramme de pollen dans l'air, bien plus efficacement qu'en pleine crise allergique.

À terme, l'objectif est de quadriller tout le territoire de pollinariums avec une centaine de structures. Un réseau de jardins sentinelles d'autant plus nécessaire que le réchauffement climatique et la pollution contribuent à augmenter la quantité de pollens dans l'air…

Avec l'AFP

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien