L’arthrose, la plus fréquente des affections rhumatologiques, affecte plus de 5 millions de Français. S’installant précocement dans l’existence (20-30 ans), elle demeure longtemps infraclinique. Ses manifestations cliniques sont en revanche banales passé 75 ans (elles affectent près de 80 % des individus). Le début de la maladie est plus précoce chez le patient de sexe masculin, mais, par la suite, elle concerne davantage la femme.
Des causes multiples.
L’arthrose résulte de l’intrication de facteurs biologiques (antécédents traumatiques), mécaniques (surpoids, obésité), biochimiques et génétiques. Certaines circonstances favorisent ou précipitent sa survenue : anomalies morphologiques congénitales des articulations, maladies infectieuses, troubles métaboliques, endocriniens, neurologiques, traumatismes aigus (fractures), surmenage articulaire (ex : usage prolongé d’engins vibrants) ou sport (football, rugby, ski, sports de combat).
Rappel physiopathologique.
La mobilité articulaire est assurée par l’intégrité des propriétés physiques du cartilage hyalin qui conditionne la mobilité des extrémités osseuses et l’amortissement des forces et des chocs transmis d’un os à l’autre. Les fibres de collagène de ce cartilage se rompent progressivement en cas d’arthrose ; ses propriétés mécaniques s’altèrent, avec constitution de fissurations puis d’ulcérations cartilagineuses. Peu à peu, l’épaisseur du cartilage s’amoindrit et le plateau osseux sous-cartilagineux s’épaissit. Les chondrocytes libèrent des prostaglandines, des cytokines (IL 1, TNF, etc.), des radicaux libres et de l’oxyde nitrique, autant de substances pro-inflammatoires concourant à l’épanchement liquidien intra-articulaire.
Clinique.
Au début de son évolution, l’arthrose n’est pas une maladie inflammatoire. Les signes cliniques demeurent longtemps discrets, ne concernant que quelques articulations : la maladie, à ce stade, est découverte à la faveur d’un examen radiologique. Par la suite, le symptôme le plus volontiers évoqué est la douleur, souvent aggravée par la pratique d’un exercice mobilisant l’articulation en cause, et réduite ou abolie au repos (mais 30 % des patients se plaignent de douleurs nocturnes). Elle est ressentie de façon variable selon la localisation de la détérioration articulaire, l’âge et le climat (symptômes plus aigus en cas de chute de pression atmosphérique et d’augmentation de l’hygrométrie).
Sont aussi décrits un gonflement, une limitation du jeu articulaire, des « craquements » dans l’articulation. Une raideur peut suivre l’inactivité : elle persiste moins d’une demi-heure et cède à la mobilisation de l’articulation. La mobilité articulaire diminue au fur et à mesure que la maladie progresse ; la composante douloureuse s’intensifie et une sensation de frottement à la mobilisation apparaît. Les ligaments deviennent plus lâches, l’instabilité de l’articulation augmente, des déformations surviennent avec, s’il s’agit d’articulations des membres inférieurs, boiterie. Plus de la moitié des patients arthrosiques sont handicapés par la maladie et requièrent une aide au quotidien.
L’arthrose se localise essentiellement aux articulations mobilisées le plus souvent dans le travail ou les loisirs : arthrose cervicale (cervicarthrose avec cervicalgies chroniques ou aiguës, parfois signes neurologiques à type de vertiges ou de céphalées), arthrose lombaire (lombarthrose favorisée par des troubles morphologiques de la colonne vertébrale donnant lieu à des lombalgies, des sciatiques, des cruralgies parfois un lumbago), arthrose de la hanche (coxarthrose), arthrose du genou (gonarthrose), arthrose de la main (rhizarthrose si elle concerne le pouce).
La douleur permet de repérer les articulations atteintes (déformation, modification des attitudes, des mouvements, etc.). L’examen radiologique complète l’examen. La vitesse de sédimentation demeure normale et l’analyse du liquide de ponction articulaire montre un liquide non inflammatoire ou peu inflammatoire, stérile.
Traitements de l’arthrose.
Le traitement de l’arthrose vise à combattre la douleur et à maintenir des fonctions articulaires suffisantes.
Antalgiques. Compte tenu de l’âge des patients, l’approche traditionnelle du traitement de la douleur peut faire problème en raison des effets indésirables de nombreuses molécules. Les antalgiques de niveau I, notamment le paracétamol, sont souvent prescrits dans les douleurs faibles à modérées. Les opiacés sont efficaces mais difficiles à prescrire sur un terrain fragilisé (insuffisance respiratoire, constipation, etc.).
Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Les AINS constituent le recours thérapeutique le plus fréquent dans l’arthrose, après administration d’un antalgique de palier 1.
Corticoïdes. Ils ne sont guère utilisés qu’en infiltration, dans les poussées inflammatoires aiguës.
Antiarthrosiques. Ces médicaments permettent de diminuer la dose d’AINS et donc de limiter l’incidence des effets indésirables. Le sulfate de chondroïtine (Chondrosulf), un glycosaminoglycane participant à la structure de la matrice cartilagineuse, est un antiarthrosique d’action lente, qui ralentit la dégradation du cartilage et stimule la synthèse des protéoglycanes par les chondrocytes. La diacéréine (Art 50, Zondar) est un anti-inflammatoire d’activité modérée, dont l’action est l’instauration lente : un à deux mois.
Traitement non médicamenteux. La prise en charge de la maladie arthrosique implique l’information et l’éducation du patient pour prévenir l’influence des facteurs mécaniques péjoratifs. La rééducation est initiée avant que le handicap fonctionnel ne soit trop installé. Des périodes de repos permettent au cartilage hyalin sollicité de se réhydrater. Le patient évitera les sièges trop profonds ou trop mous ; il privilégiera le repos sur un matelas ferme, les chaises rigides aux fauteuils, adaptera son siège automobile, pratiquera des exercices posturaux adaptés. Un geste chirurgical (prothèses de hanche ou de genou) est envisagé en cas de handicap sévère.
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