Les quatre groupements hospitaliers des Hospices civils de Lyon (HCL) participent à l'expérimentation nationale de l’article 51 thérapies orales, qui s’inscrit dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2018. Conduit par la direction générale de l'Organisation des soins (DGOS), il est piloté par Unicancer et se déploie dans un premier temps dans 24 sites pilotes, l'Île-de-France totalisant 11 centres.
Après cette première phase prévue du 1er octobre 2021 au 1er juillet 2022, l’expérimentation sera étendue à 45 sites au total du 1er juillet 2022 au 1er juillet 2024. En tout, 15 000 patients inclus en trois ans en France vont pouvoir bénéficier d’un suivi de leur chimiothérapie orale, coordonné entre la ville (en prévisionnel, 15 000 médecins traitants et 15 000 pharmacies) et l’hôpital. Le budget total s'élève à 33,4 millions d'euros.
« Cette expérimentation s’inscrit dans le virage ambulatoire », explique la Pr Catherine Rioufol, cheffe de service de la pharmacie du groupement hospitalier Sud des HCL et professeure à la faculté de pharmacie de Lyon. « De plus en plus de patients peuvent bénéficier de chimiothérapies orales. Cela leur permet d’avoir moins de contraintes (moins de visites à l’hôpital, plus d’autonomie), mais ce sont des comprimés qui ne sont pas dépourvus d’effets indésirables ni d’interactions médicamenteuses et qui posent aussi un problème d’observance. Il faut un bon suivi entre la ville et l’hôpital, sinon le risque d’hospitalisations non programmées augmente », détaille-t-elle.
Oncoral, une initiative d'avant-garde
Dès 2014, les HCL ont pris l’initiative de mettre en place Oncoral, un suivi pluridisciplinaire assuré par le pharmacien et l’infirmière à l’hôpital, en lien avec le cancérologue, mais aussi avec le pharmacien d’officine, le médecin traitant et l’infirmière libérale. « Nous avons instauré des entretiens pour les patients avec le pharmacien et l’infirmière à l’hôpital sur les modalités de prise du médicament à l’aide d’un plan de prise que nous lui remettons. Nous expliquons au patient comment bien prendre son médicament, comment reconnaître les principaux effets indésirables et comment les gérer avec des médicaments symptomatiques ou des règles hygiéno-diététiques. Nous lui apprenons aussi qu’il y a des situations d’alerte qui doivent le conduire à appeler sans délai son médecin », développe la pharmacienne.
L’équipe travaille sur la consommation de médicaments du patient pour prévenir les interactions médicamenteuses, en réalisant un bilan avec l’ensemble des médicaments prescrits, l’automédication et la phytothérapie. Ensuite, elle communique avec le pharmacien d’officine, le médecin traitant et l’infirmière libérale via la messagerie sécurisée Sara MonSisra. « Nous prévenons notamment le pharmacien d’officine pour qu’il commande le traitement afin que le patient le récupère dès sa sortie d’hôpital. Cela permet aussi d’initier un relais ville-hôpital », souligne-t-elle. Depuis 2014, l’hôpital Lyon Sud suit 250 nouveaux patients par an par le biais d’Oncoral.
L'objectif d'un déploiement national
Dans le cadre de l’article 51, ce dispositif va se poursuivre, mais son financement, jusqu’ici assuré par les HCL, sera cette fois pris en charge par l’assurance-maladie. « Oncoral a déjà fait ses preuves. Pour nous, l’enjeu est de le déployer et de montrer que c’est transposable aux autres établissements. Si, au terme des 33 mois de l’expérimentation nationale, nous arrivons à démontrer le bénéfice en termes cliniques, de qualité de vie, de suivi, de gestion des toxicités et d'amélioration de l’observance, le dispositif passera en droit commun, il pourra se déployer partout en France et tous les patients pourront en bénéficier », espère la Pr Rioufol.
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