La multiplication des cas de cancer et la diversification des thérapies mises en place pour y répondre posent de nombreuses questions, notamment celle liée aux effets secondaires qu’engendrent les différentes prises en charge thérapeutiques. Des conséquences parfois très handicapantes qui peuvent se manifester au niveau de la peau et des phanères suite à un traitement par chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie ou immunothérapie. « On survit au cancer de plus en plus, de mieux en mieux », témoigne Isabelle Guyomarch, fondatrice du laboratoire de dermocosmétique Ozalys. « On constate aujourd’hui une grande amélioration du taux et des délais de survie mais ces immenses progrès n’empêchent pas la survenue d’effets secondaires aigus et de plus en plus chroniques. »
Confrontée à cette situation il y a quelques années, la dirigeante parle d'expérience : « La chimiothérapie peut atteindre la peau, les muqueuses, les phanères dans des proportions parfois importantes. La mucite ou inflammation buccale en est un exemple particulièrement douloureux. L’hormonothérapie, pour sa part, s’inscrit dans la durée, cinq à dix ans, et touche principalement la muqueuse vaginale, les cheveux et les ongles. Quant à l’immunothérapie, elle affecte indifféremment la peau et les phanères. » Douloureux, modifiant l’apparence, ces effets secondaires peuvent altérer profondément la qualité de vie. C’est pourquoi le laboratoire Ozalys a investi le segment des soins de support en 2017, à l’aide d’une gamme d’hygiène et de soin pensée pour les plus fragiles « qui permettent de soulager les effets indésirables des traitements en toute sécurité ».
Formulés pour soulager
En résulte une charte de formulation qui interdit tout ingrédient photosensibilisant et perturbateur endocrinien potentiel, « même ceux autorisés comme les phyto-œstrogènes, la pierre d’alun, l’aluminium, les huiles essentielles… », précise Isabelle Guyomarch. Dix produits composent la gamme Ozalys dont une crème de douche corps & cuir chevelu, une crème lavante hygiène intime, un shampooing démêlant, un déodorant, une brume hydratante, une crème anti-âge jour et nuit… « Ces produits ont été pensés pour être faciles à utiliser. »
La brume hydratante se pulvérise sans avoir besoin d’être étalée sur la peau ; la crème pour le visage est non comédogène pour ne pas accentuer les problèmes d’acné que peuvent déclencher la chimiothérapie et l’hormonothérapie ; la crème mains-pieds-ongles est étudiée pour prévenir le syndrome de sécheresse intense qui nécessite de s’hydrater deux fois par jour ; le lait cuir chevelu hydratant lutte contre les démangeaisons et stimule la repousse des cheveux ; le dentifrice, formulé à base de gingembre aux propriétés anti-nauséeuses, est peu abrasif pour préserver la muqueuse gingivale et le bain de bouche à l’acide hyaluronique renforce la muqueuse buccale.
En février dernier, la marque a décidé d’investir un autre champ de la dermocosmétique ciblée en faisant certifier l’ensemble de sa gamme à destination des femmes enceintes et allaitantes. « De nombreux symptômes cutanés liés au bouleversement hormonal de la grossesse sont similaires à ceux que connaissent les patients traités en oncologie », explique la fondatrice d’Ozalys qui destine également ses soins aux femmes à la puberté et en période de ménopause.
La Roche-Posay, pour sa part, propose de répondre à ces problématiques à l’aide de 14 de ses soins testés pour leur tolérance et leur capacité à améliorer les effets secondaires cutanés (xérose, fissures, folliculite, plaques rouges…) liés aux traitements par chimiothérapie ou radiothérapie.
En collaboration avec l’Afsos* et un groupe d’experts, le laboratoire a défini une routine en 4 étapes visant à prendre en charge ces symptômes : l’hygiène de la peau repose sur l’utilisation de nettoyants doux au pH physiologique (fluide nettoyant Tolériane, huile lavante et syndet Lipikar, shampoing Kerium) ; l’hydratation du visage est assurée par la crème et le contour des yeux Tolériane Dermalergo et celle du corps par l’application du baume AP+M ; lors de la 3e étape, l’eau thermale de La Roche-Posay permet d’apaiser la peau aux côtés du baume Cicaplast B5 et de la crème mains Lipikar Xerand ; enfin, la protection solaire, indispensable aux patients traités est confiée à la crème visage et au lait corps hydratant SPF50+ de la gamme Anthélios. Au sein de l’offre, la revendication plaisir est portée par les vernis enrichis en silicium, pour renforcer les ongles fragilisés, et agrémentés d’un filtre solaire pour éviter la coloration induite par les UV. « Le cancer touche 5 millions de Français et 80 % des patients traités disent avoir connu des effets cutanés indésirables », précise Fanny Lévy, brand business leader oncology chez La Roche-Posay. « Ils ont conduit certains à arrêter leur traitement. » Informer sur ces manifestations et les solutions pour y répondre est devenu une priorité pour le laboratoire.
Former pour bien accompagner
Afin d’aider l’officine à bien mener les entretiens pharmaceutiques dans le cadre des chimiothérapies orales, La Roche-Posay a développé 4 modules de formation portant sur les différents types de cancer et le parcours du patient, les différents traitements, les effets indésirables liés aux thérapies. Au point de vente, un livret proposant une approche holistique du parcours et des informations sur la cure thermale est délivré aux patients ainsi que des échantillons de produits et un guide de maquillage. « Au-delà des produits, le laboratoire a un rôle important à jouer pour informer des effets secondaires et des solutions qui existent pour les prendre en charge. C’est un encadrement du patient que l’on doit effectuer au plus tôt dans le parcours en partenariat avec les professionnels santé. ».
La formation, indispensable à un accompagnement avisé et sans faux pas, est également mentionnée par Judith Lévy Keller, fondatrice de la gamme Même Cosmetics. « De plus en plus de pharmaciens mettent en place des espaces dédiés pour assurer les entretiens au calme et faire essayer les prothèses, accessoires et soins de support aux patients. » La marque qui a contribué à la création de ce « marché de niche » qui concernerait un million de personnes désigne l’officine comme un interlocuteur stratégique pour dispenser encadrement, conseil et répondre aux questions sur les effets secondaires. « Nous avons lancé notre gamme en 2017 pour répondre à la demande des patients, des pharmaciens et des groupements à une époque où il n’existait pas de marché spécifique des soins de support. » Plusieurs produits de premier secours ont alors été proposés : brume apaisante pour le cuir chevelu, gants et chaussons de soin (cosméto-textile) pour soulager et réparer la peau, soins pour les ongles (crème réparatrice, vernis au silicium anti-UV, solution fortifiante…), maquillage pour le teint et les sourcils, shampoing soin lavant fortifiant, sérum fortifiant cils et sourcils, crème hydratante visage/corps, baume pour les zones cicatricielles… « Nos produits intègrent un maximum de composants naturels et excluent toutes substances incompatibles avec les traitements, allergènes, irritants, perturbateurs endocriniens potentiels… »
Plusieurs références de la gamme Eau thermale Avène ont également été validées en vue d’une utilisation par des patients sous traitement anti-cancéreux (spray Eau thermale Avène, gammes Cicalfate+ pour la réparation cutanée et XeraCalm AD pour la xérose et le prurit, Tolérance Control pour les peaux hyper-sensibles, photoprotecteur SunsiMed KA). Très active aux côtés des patients, associations, professionnels de santé, la marque accompagne l’officine aux moyens de formation, mise en avant de l’offre et outils digitaux (application Side Onco Skin, site Internet Oncoguide.com).
* Association francophone des soins oncologiques de support.
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