La moitié des cancers de l’enfant trouvent leur origine lors de la vie embryonnaire, ce qui complexifie l'étude de la tumorogenèse, l'environnement étant lui-même en développement. Dans le cas du neuroblastome, la pathologie touche le tissu sympatho-surrénalien, qui dérive de la crête neurale et de cellules de Schwann. Elle se caractérise par la présence de cellules tumorales hétérogènes à l'identité cellulaire mouvante, avec des formes métastatiques particulièrement agressives. Or, il avait été montré précédemment que l'apparition de métastases dépendait de « l'identité » des cellules cancéreuses.
Un embryon de poulet comme modèle expérimental
Pour comprendre comment les cellules tumorales passe d'une identité à l'autre, les chercheurs du laboratoire Mécanismes en sciences de la vie intégrative (CNRS/Inserm/Université Claude Bernard Lyon 1), dirigés par Valérie Castellani, ont dans un premier temps développé un modèle expérimental à partir d'embryons de poulet sur lesquels ils ont greffé des cellules cancéreuses humaines. Ils ont ensuite procédé à une analyse du transcriptome, du protéome, ainsi que de l'environnement cellulaire des tumeurs.
De cette manière, ils ont découvert une forme de collaboration entre certaines cellules nerveuses saines en développement et les cellules de neuroblastome. Plus particulièrement, ils ont constaté que les ganglions lymphatiques embryonnaires relâchaient certaines protéines, et notamment l'Olfactomedin-1 (OLFM1), induisant la transformation de neurones noradrénergiques en cellules mésenchymateuses.
Dans le cas du neuroblastome, les cellules cancéreuses aussi sont sensibles à cette voie de signalisation. Les chercheurs notent que la présence d'OLFM1 les pousse à adopter une identité mésenchymateuse, associée à une perte progressive de cohérence entre les cellules, et donc une augmentation du risque de migration, d'invasion des tissus adjacents et, in fine, de métastases.
Une piste de traitement
En réduisant in vivo la présence d'OLFM1 dans le micro-environnement tumoral, à l'aide d'un anticorps spécifique, les chercheurs ont modifié la nature de la tumeur, la rendant plus dense, et diminuant la capacité des cellules tumorales à se disséminer. Le taux de mitose restait toutefois le même.
« Interférer avec la voie de signalisation OLFM1 pourrait ralentir la progression et la dissémination du neuroblastome, résument les auteurs. Il va falloir déchiffrer la grande variété des actions de OLFM1, si l'on souhaite mettre au point des outils thérapeutiques. »
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
La consommation de drogues et d’alcool en baisse chez les jeunes
Crise sanitaire : le malaise des préparateurs
3 questions à…
Christelle Degrelle