Deux collègues, un homme et une femme, incarnent des « organes féminins » : Thierry le col de l'utérus ou Nathalie l'endomètre, par exemple. L'un est bien connu dans l'entreprise, l'autre se sent plutôt négligé, et ils trouvent ensemble des moyens de mieux le faire connaître.
« Nous avons voulu parler d'une façon un peu différente, décomplexée et non culpabilisante, de l'importance du suivi gynécologique régulier pour le dépistage des cancers féminins », explique le Pr Éric Lartigau, directeur général du centre Oscar Lambret. La Websérie s'inscrit en effet dans une campagne de sensibilisation sur les cancers féminins. « Le seul cancer dont on parle beaucoup, c'est celui du sein, ajoute le directeur général. On parle aussi un peu du cancer du col de l'utérus. Mais pratiquement pas de celui de l'endomètre, alors qu'il est beaucoup plus fréquent que celui du col de l'utérus. »
Lever les tabous
La Websérie vise à lever les tabous en faisant évoquer ces sujets par des collègues ordinaires, « d'une manière simple, presque ludique, souligne le Pr Lartigau. Notre but, c'est d'ouvrir la parole, que les hommes puissent poser la question à leur épouse, les femmes à leurs amies… Le dépistage et la prévention ne sont pas des sujets réservés. Tout le monde peut et devrait en parler. » D'ailleurs, poursuit-il, le cancer du col de l'utérus est en partie favorisé par les infections à papillomavirus, « c'est donc la responsabilité des hommes aussi, une responsabilité collective ». Quant à la prédisposition génétique au cancer du sein, elle existe aussi chez les hommes… Cette campagne vise à sortir des démarches ordinaires dans lesquelles « des femmes parlent aux femmes ».
Elle se tient après plus d'un an de crise sanitaire, période durant laquelle le dépistage des cancers féminins, entre autres, a beaucoup chuté. Qui plus est dans une région où les chiffres du dépistage n'étaient déjà pas bons. Le nombre de patientes prises en charge au centre Oscar Lambret en gynécologie et en sénologie a baissé de 4 % en 2020 et le nombre de nouvelles patientes a diminué de 7 % en gynécologie et de 8 % en sénologie. En matière de dépistage, « tout s'est arrêté lors du premier confinement, remarque Éric Lartigau. Le cancer est passé un peu au second plan. Dans certaines régions, le dépistage a redémarré plus vite que dans d'autres. Dans la nôtre, nous étions déjà en retard. » Un suivi gynécologique régulier et une plus grande adhésion au dépistage permettraient de diagnostiquer plus tôt les cancers féminins, qui touchent 75 000 femmes en France chaque année.
Relancer le dépistage
Luccio di Rosa (qui a tourné notamment les « Scènes de ménage ») a réalisé bénévolement ces épisodes, tournés en mai et conçus par l'agence lilloise « Mot compte double ». Plusieurs médecins du centre Oscar Lambret impliqués dans les champs de la cancérologie et de la sénologie ont participé à la rédaction des dialogues afin de les rendre facilement compréhensibles. Trois des quatre épisodes seront diffusés sur la chaîne Youtube et les réseaux sociaux du centre de lutte contre le cancer en juin - le premier est déjà disponible - et le quatrième, sur le sein, fin septembre, juste avant Octobre rose. Pour le Pr Lartigau, « on peut parler de ces sujets toute l'année ».
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
La consommation de drogues et d’alcool en baisse chez les jeunes
Crise sanitaire : le malaise des préparateurs
3 questions à…
Christelle Degrelle