Aux États-Unis, un panel d’experts estime la prise d'aspirine quotidienne ne doit plus être recommandée pour les personnes de 60 ans et plus en prévention primaire des événements cardiovasculaires. En France, la situation est différente car les recommandations ne sont pas établies selon l’âge, mais selon le niveau du risque cardiovasculaire.
Aujourd’hui, aux États-Unis, la prise d’aspirine est recommandée pour les 50 ans et plus ayant un risque de 10 % de crise cardiaque ou d'AVC dans les dix années suivantes. Les sexagénaires à risque peuvent également prendre ce traitement préventif sur la base d'une décision individuelle. Ces recommandations établies en 2016 par les experts de l'U.S. Preventive Services Task Force sont très suivies. Mais ces experts viennent de les remettre en cause. En effet, hier, ils ont déclaré que la prise quotidienne d'aspirine pour réduire le risque cardiovasculaire ne doit plus être recommandée pour les personnes de 60 ans et plus qui n’ont jamais eu de problème cardiovasculaire (prévention primaire). Quant aux personnes âgées de 40 à 59 ans, à risque mais n'ayant pas d'antécédent de maladies cardiovasculaires, elles doivent prendre individuellement la décision d'initier ce traitement, après discussion avec leur médecin, ont ajouté les experts.
Quelle raison à ce revirement ? Les experts ont estimé que les bénéfices antithrombotiques de l’aspirine n'étaient pas suffisants, chez les plus âgés, pour contrebalancer le risque accru d'hémorragie, notamment cérébrale ou intestinale.
Ces nouvelles recommandations ne sont pas encore définitives, étant d'abord soumises à une période de débats publics jusqu'à début novembre. De plus, elles ne concernent pas les personnes prenant de l'aspirine après avoir déjà subi un AVC ou une crise cardiaque.
La prise d'aspirine pour réduire le risque d'AVC ou d'infarctus est souvent initiée de façon spontanée par les Américains (avant même d’avoir un accident cardiovasculaire). Ainsi, selon une étude de 2017, 23,4 % des adultes de 40 ans et plus sans maladie cardiovasculaire prenaient de l'aspirine à titre préventif, parmi lesquels 22,8 % le faisaient sans recommandation d'un professionnel de santé.
En France, la situation est différente. Les recommandations de prévention des accidents cardiovasculaires ne diffèrent pas entre personnes âgées et adultes jeunes (à l’exception de la contre-indication du prasugrel après 75 ans). Ainsi dans l'Hexagone, en prévention primaire, l’aspirine seule (75-160 mg/j) est recommandée lorsque le risque cardiovasculaire fatal est supérieur à 5 % (selon la table SCORE). En prévention secondaire (chez les personnes ayant déjà eu un accident ou une maladie cardiovasculaire), l’inhibition plaquettaire est recommandée avec différentes molécules selon le problème cardiovasculaire subi (selon les cas, aspirine seule, bithérapie aspirine + clopidogrel, aspirine + prasugrel ou aspirine + ticagrelor).
Sans être établies selon la classe d’âge, les recommandations françaises insistent néanmoins sur le fait que l’âge > 75 ans est un facteur d’augmentation des accidents thrombotiques et cardio-emboliques. Cependant, la mise en place d'un antiplaquettaire chez une personne âgée doit être réalisée avec précaution et doit être régulièrement réévaluée. Notamment, on vérifiera l'absence de contre-indications (ulcération gastro-intestinale, antécédent d’hémorragie intracrânienne) qui sont plus fréquentes au-delà de 75 ans, ou encore l'absence d'interactions médicamenteuses.
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