Complications somatiques. Liées aux modalités de l’utilisation de la drogue (injection IV, polyconsommation) et à l’accoutumance qui fait croître les doses et multiplier les prises, les complications de l’héroïnomanie sont plus ou moins précoces et sévères :
- Thrombophlébite au site d’injection ;
- Nausées et vomissements, inconstants, disparaissent avec la récurrence des prises ; troubles du péristaltisme (constipation) ; hyperpression biliaire (coliques hépatiques) ;
- Troubles de la conscience (risque d’inhalation de liquide gastrique parfois fatale), hypothermie, ataxie, myosis ;
- Dépression respiratoire (parfois fatale en cas d’intoxication aiguë, elle résulte d’une réduction de la sensibilité des centres respiratoires à la teneur en gaz carbonique du sang) ;
- Complications cardiaques (myocardites, ischémie) ; dilatation vasculaire (hypotension orthostatique) ;
- Aménorrhée, troubles endocriniens ;
- L’héroïne peut induire des convulsions, notamment en cas d’antécédents comitiaux.
L’évolution des lésions organiques reste souvent insidieuse en raison du potentiel analgésique de l’héroïne.
Complications liées à l’injection. Désocialisation, marginalisation, malnutrition, immunodépression aggravent les conséquences infectieuses de la toxicomanie : la fréquence des contaminations virales (par le VIH et le VHC notamment) chez les usagers de drogues par voie injectable justifie la politique de réduction des risques développée depuis vingt ans en France. Un abcès au site d’injection peut évoluer en thrombophlébite ou en fasciite nécrosante ; on observe également des infections systémiques (bactériennes ou fongiques), des endocardites à staphylocoque, des infections pulmonaires, cérébrales ou méningées, ostéoarticulaires ou dentaires. S’ajoute au risque infectieux le risque lié aux substances de coupe de la drogue : granulome, phlébite, intoxication aiguë, etc.
Comorbidités/complications psychiatriques. Les troubles psychiatriques (dépression et troubles anxieux avant tout mais aussi bipolarité et psychoses), fréquents chez l’héroïnomane, aggravent la dépendance. Il reste difficile de préciser si la consommation de drogue est la cause de ces signes psychiatriques (qui sont alors secondaires) ou si elle en est une conséquence (ils sont alors primaires).
Dépendance. La dépendance ne peut être réduite à une approche neurobiologique : ayant un déterminisme partiellement génétique, elle s’associe également à des stimuli environnementaux (lieux, fréquentations, manipulation du matériel d’injection) qui en conditionnent la récurrence. Son installation peut être rapide, notamment lors d’un usage par voie parentérale (au terme de 10 à 20 injections parfois).
La dépendance psychique se manifeste par une quête compulsive (« craving ») de la drogue. Ayant pour origine la mémorisation dans le système limbique du plaisir qui a accompagné les premières injections, elle perturbe le sommeil (action de l’héroïne, usage de psychostimulants, style de vie, comorbidités), ce qui explique la fréquence du mésusage des hypnotiques chez l’héroïnomane, et retentit sur le style de vie du sujet (actes illégaux, trafic, etc.).
La dépendance physique se traduit par la survenue d’un syndrome de sevrage (« manque ») lors de l’arrêt brutal de la consommation d’héroïne. Ayant pour origine l’action de l’opiacé sur les récepteurs aux endorphines, elle traduit l’adaptation physiologique de l’organisme à l’apport régulier d’opioïdes exogènes.
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