« Le moyen idéal d’éviter des escarres serait… la lévitation mais, depuis l’application de ronds de cuir 2 400 ans avant notre ère, on a quand même fait des progrès », note avec humour le Dr Emmanuelle Candas, gériatre à l’hôpital Sainte-Périne (Paris). Au fil des décennies, les soignants, notamment en gériatrie, ont mis en place des mesures permettant de réduire au minimum le risque de survenue de ces plaies de pression chez leurs patients : repérage et évaluation des personnes à risques, positionnement, supports adaptés, nutrition, etc. Les escarres restent néanmoins un problème récurrent. D’où l’intérêt de travaux d’experts internationaux relayés, en 2019, par la Société française de l’Escarre (SFE), ayant montré l’intérêt des pansements hydrocellulaires multicouches en prévention.
Effets préventifs prouvés
En effet, appliqués 24 heures/24, ces pansements hydrocellulaires innovants, conçus initialement pour la cicatrisation des plaies exsudatives, aiguës (traumatiques, brûlures, post-opératoires) ou chroniques (ulcères, escarres, tumorales, pieds diabétiques…), aident également à protéger les zones à risque - le sacrum et les talons le plus souvent - contre les forces de cisaillement et de friction et ainsi à réduire l’apparition d’escarres.
Il existe sur le marché différents types de pansements multicouches dont le RespoSorb Silicone Border (adhésif) 5 couches, avec interface micro-adhérente siliconée, proposé par les laboratoires Hartmann dans la prise en charge des plaies en phase de bourgeonnement. Un cadre d’analyse expérimentale et informatique, développé par le Pr Amit Gefen, professeur d’ingénierie biomédicale à l’Université de Tel Aviv, a permis de modéliser la zone sacrée et d’analyser précisément l’efficacité biomécanique en prévention de deux technologies de pansements multicouches. Les résultats de cette expérimentation démontrent que le RespoSorb Silicone Border présente un atout technologique majeur en matière de prévention de survenue d’escarres. Selon le Dr Candas, « c’est une piste très prometteuse et une arme préventive supplémentaire, par exemple en fin de vie chez des sujets à risque, qui reste désormais à confirmer par des études cliniques ».
Plaies à risque d’infection
HydroClean advance, autre pansement mis au point par les laboratoires Hartmann, est le seul pansement non médicamenteux irrigo-absorbant du marché. Indiqué en première intention pour nettoyer et stimuler la cicatrisation des plaies aiguës ou chroniques, il a un vrai intérêt dans la prise en charge des plaies à risque d’infection. Sur une plaie, la présence de bactéries peut passer insidieusement d’un état non pathologique - la colonisation - à un état pathologique - l’infection - et alors entraîner un retard de cicatrisation et d'éventuelles complications. Ce risque impose une vigilance, des actions de prévention, mais aussi une réaction rapide en cas d’apparition de signes inflammatoires, rappelle Isabelle Fromantin, IDE à l’Institut Curie (Paris).
Quel que soit le type de plaies, une prise en charge inappropriée peut en effet entraîner un risque d’infection et un retard de cicatrisation. Un pansement de type irrigo-absorbant apparaît ainsi comme une bonne solution dans différentes situations cliniques. « Le milieu humide qu’il induit favorise la détersion autolytique et contribue à déliter les tissus nécrotiques, mais aussi évite l’assèchement des éventuels tissus adipeux ou contacts osseux qui peuvent participer à l’émergence d’une infection », précise-t-elle. « De même, les propriétés mécaniques du pansement (absorption, hydratation, séquestration des bactéries) réunissent des conditions optimales pour conserver la plaie propre. » Réserver les pansements irrigo-absorbants à la seule phase de détersion lui semble donc restrictif par rapport à leurs bénéfices potentiels.
* D'après le symposium Hartmann organisé dans le cadre de l’EWMA (European Wound Management Association) & Journées Cicatrisations 2022.
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