Les risques liés au finastéride, un médicament anti-calvitie très critiqué pour ses effets secondaires, vont être réévalués par les autorités sanitaires européennes, a annoncé ce 17 octobre l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
« Le comité de pharmacovigilance de l'Agence européenne du médicament (PRAC) vient de débuter un nouvel arbitrage, indique l’ANSM dans un communiqué. Cela fait suite à notre demande de réévaluer la balance bénéfice/risque du finastéride et du dutastéride ». Le gendarme du médicament insiste sur l’importance de la réévaluation du finastéride, « étant donné son indication uniquement dans l’alopécie, une affection sans danger pour la santé touchant des hommes jeunes ».
Vendu pendant des années sous le nom Propecia par le laboratoire Organon, ancienne filiale de Merck (MSD), le finastéride est l'un des traitements les plus connus contre la chute de cheveux chez l'homme. À 1 mg, il est indiqué dans les stades précoces de l’alopécie androgénique chez les hommes de 18 à 41 ans. Le finastéride 5 mg ainsi que le dutastéride 0,5 mg sont utilisés dans le traitement de l'hypertrophie bénigne de la prostate et la prévention de troubles urologiques associés.
Le finastéride, dont la commercialisation en tant que Propecia a été arrêtée mais qui reste vendu sous forme générique, présente des effets secondaires connus, comme des troubles de l'érection, une diminution de la libido, ainsi qu'un risque de dépression et de pensées suicidaires. « Des cas graves de troubles psychiatriques et de troubles sexuels continuent de nous être rapportés. De plus, les idées suicidaires ont été récemment reconnues comme potentiels effets indésirables pour deux médicaments contenant du finastéride (Propecia 1 mg et Chibro-Proscar 5 mg) », précise l’ANSM.
Une réaction tardive ?
Certains observateurs indépendants, comme la revue Prescrire, appellent à purement et simplement éviter le finastéride contre la calvitie. L’ANSM, de son côté, a pris depuis 2019 plusieurs mesures pour renforcer l’information des patients et repérer les effets indésirables : fiche d’information à destination des patients et envoi d’un courrier aux professionnels de santé pour informer sur les risques de troubles de la fonction sexuelle et de troubles psychiatriques ; dossier thématique dédié ; rappel de l’importance de déclarer les effets indésirables ; apposition de messages d’alertes sur les boîtes de médicaments, etc.
« Nous assurons une surveillance continue des effets indésirables liés au finastéride notamment via les déclarations de pharmacovigilance et échangeons régulièrement avec nos parties prenantes », insiste l'ANSM.
Les prescripteurs sont notamment invités à surveiller l’apparition de symptômes chez les patients ayant reçu du finastéride ou du dutastéride, ou à penser à un tel traitement face à des plaintes relatives à un trouble sexuel, une modification de l’humeur, de l’anxiété, ou des idées dépressives ou suicidaires.
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