Zoom sur… Olumiant

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Publié le 11/05/2021
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Une nouvelle thérapie ciblée innovante contre la dermatite atopique active par voie orale.

La classe pharmacologique

Olumiant renferme du baricitinib, un inhibiteur sélectif et réversible des Janus kinases* 1 et 2 (JAK 1 et JAK 2), des enzymes de la classe des tyrosine-kinases, impliquées dans plusieurs voies de signalisation intracellulaire concernant l’hématopoïèse, l’inflammation et l’immunité. Classe récente, les anti-JAK sont également développés dans les rhumatismes inflammatoires chroniques, le psoriasis cutané et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.

Les principales caractéristiques du produit

Olumiant (un médicament d’exception) se présente sous la forme de comprimés dosés à 2 mg ou 4 mg.

Déjà utilisé depuis 2017 dans la polyarthrite rhumatoïde, il est maintenant pris en charge dans la dermatite atopique modérée à sévère chez l’adulte, en cas d’échec, d’intolérance ou de contre-indication de la ciclosporine.

La posologie recommandée est de 4 mg en une seule prise quotidienne, à n’importe quel moment de la journée. Dose pouvant être réduite à 2 mg/j dans certains cas : patients de 75 ans et plus, ayant des antécédents d’infections chroniques/récurrentes, éligibles à une réduction de posologie ou présentant une insuffisance rénale modérée (clairance de la créatinine entre 30 et 60 ml/min).

L’initiation du traitement doit être précédée du dépistage d’une éventuelle tuberculose et de la détermination du taux de lymphocytes, de polynucléaires neutrophiles et de celui de l’hémoglobine. Avec des valeurs seuil pour chacun de ces paramètres.

L’administration de vaccins vivants atténués n’est pas recommandée.

Olumiant peut être associé à un dermocorticoïde ou à un inhibiteur topique de la calcineurine – type tacrolimus (seulement sur les zones sensibles).

Ce médicament est contre-indiqué pendant la grossesse (et déconseillé au cours de l’allaitement).

La surveillance du traitement comprend, outre les mêmes paramètres qu’avant l’initiation, les transaminases hépatiques et un bilan lipidique.

Le produit dans sa classe thérapeutique

La majorité des dermatites atopiques s'améliore puis disparaît au cours de l'enfance. Néanmoins, un petit pourcentage d'entre elles (10 à 15 %) persiste à l'âge adulte sans que l'on sache pourquoi.

À l’heure actuelle la prise en charge est symptomatique. La base en est représentée par l’application pluriquotidienne d’un émollient/hydratant. Les dermocorticoïdes (de différentes classes) sont aussi classiquement utilisés. En fonction de l’évolution, on peut aussi avoir recours aux rétinoïdes par voie orale (alitrétinoïne-Alizem et Toctino) aux anti-histaminiques H1 et aux immunosuppresseurs (voie orale : ciclosporine-Néoral, ou topique : tacrolimus-Protopic et Takrozem).

Le baricitinib est la seconde thérapie ciblée à avoir été développée dans cette indication après le dupilumab-Dupixent.

Le confort du patient

Les principaux (néanmoins au total peu fréquents) effets indésirables sont représentés par une augmentation de l’incidence des infections des voies respiratoires supérieures et des voies urinaires, une augmentation des lipides (sans changement du rapport LDL/HDL), une poussée de zona, des céphalées, nausées et douleurs abdominales, une élévation des transaminases hépatiques ainsi que de la créatine phosphokinase.

*Just Another Kinase

Par Didier Rodde, pharmacologue

Source : Le Quotidien du Pharmacien