Palper, sentir, écouter, regarder et même goûter, les cinq sens sont tour à tour convoqués pour établir un diagnostic, dépister ou suivre l’évolution d’une maladie. Mais l’ouïe du soignant vient de gagner une nouvelle compétence. C’est ce que suggèrent les premiers résultats de Colive Voice, une étude internationale de santé numérique menée par le Luxembourg Institute of Health, récemment présentés au congrès de l’EASD*. Le médecin n’ausculte ni les battements du cœur, ni le flux des vaisseaux, mais la voix même de son patient. L’enregistrement vocal et le traitement algorithmique du son n’est pas tout à fait nouveau en médecine, puisqu’une précédente étude avait mis en évidence, par la simple analyse acoustique et informatique, qu’un certain score « vocal » était par exemple associé à un risque 2,6 fois supérieur de souffrir d’un syndrome coronarien aigu (SCA). Ici, les auteurs sont partis d’un constat : la fatigue respiratoire, les neuropathies, mais aussi la déshydratation ou les reflux acides gastriques modifient la voix des personnes diabétiques. Valider la pertinence du diagnostic acoustique était ainsi l’objectif de l’expérience.
En pratique, explique Guy Fagherazzi, directeur de l’étude Colive Voice, les analyses ont porté sur les voix de participants qui ont réalisé durant 25 secondes un enregistrement de leur voix sur un smartphone ou un ordinateur portable. Ils lisaient un extrait de la Déclaration universelle des droits humains de l’ONU. Des algorithmes ont été entraînés et validés pour les hommes et les femmes séparément, et évalués en termes de précision, de spécificité et de sensibilité.
Puis, les données ont été analysées sur 323 femmes et 284 hommes (avec et sans DT2). L’algorithme d'IA a utilisé deux techniques, l'une permettant de saisir jusqu'à 6 000 caractéristiques vocales détaillées, l’autre étant une approche de type deep learning concentrée sur un ensemble affiné de 1 024 caractéristiques clés. Résultat ? L'algorithme basé sur la voix a prédit correctement, à l’oreille, la présence du diabète, pour 71 % des hommes et 66 % des femmes atteints.
Avoir une voix sucrée n’aura plus jamais le même sens…
*European Association for the Study of Diabetes
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