Les télomères sont des marqueurs de l'âge biologique dont la fonction est de protéger le génome d’une perte d’information due au raccourcissement des chromosomes. Chaque double brin d’ADN, constituant les chromosomes et contenant l’information nécessaire à l’expression des gènes, est coiffé d’un télomère à son extrémité. Chaque fois qu’une cellule se divise (entre 50 et 100 fois durant sa vie) le système de réplication est incapable de finaliser correctement la reproduction des extrémités des chromosomes. Lors de chaque cycle de réplication, les télomères se raccourcissent progressivement, les cellules perdent une partie de leur capacité télomérique et des informations génétiques vitales. Au bout d'un certain nombre de réplications, les télomères deviennent trop courts et atteignent une taille critique qui bloque définitivement la prolifération cellulaire : les cellules entrent en phase de sénescence ou de mort cellulaire (apoptose). Les cellules humaines meurent en moyenne après 50 à 70 divisions (limite de Hayflick). Les tissus et les organes constitués par ces cellules témoignent de ce vieillissement, facteur clé des affections dégénératives (Alzheimer, Parkinson) et des cancers.
Des chercheurs ont démontré que la longueur des télomères est liée au potentiel de longévité de chaque personne et permet de définir l’âge d’une cellule : plus les télomères sont courts, plus la cellule est en fin de vie. À 80 ans, la longueur des télomères s’est réduite de moitié par rapport à la naissance.
Un raccourcissement réversible grâce à la télomérase
La télomérase est une enzyme de type transcriptase inverse jouant un rôle essentiel quant à la possibilité non seulement d’interrompre le processus du vieillissement cellulaire mais de le rendre réversible. Elle permet de conserver les chromosomes intacts en maintenant leur longueur mais aussi en restaurant leur longueur initiale. Elle se fixe sur les télomères et à partir de son ARN associé elle synthétise de nouvelles séquences. Sa sécrétion dans l'organisme est maximale pendant le développement embryonnaire et fœtal mais dès la naissance elle diminue pour devenir quasi absente chez les personnes âgées.
La télomérase est présente en quantité dans les cellules de la lignée germinale et dans les cellules souches somatiques qui peuvent se diviser indéfiniment. Sa découverte est considérée comme très prometteuse pour le traitement de plusieurs maladies liées au vieillissement cellulaire. Si l’on modifie génétiquement des souris pour les priver totalement de télomérase, non seulement elles meurent très jeunes, mais celles qui survivent souffrent de maladies comme le diabète, l'ostéoporose, l'arthrose, des troubles cardiovasculaires. Cependant la télomérase est une enzyme à double tranchant, sa stimulation dans les cellules cancéreuses les rend immortelles en autorisant un nombre de divisions illimité, associé à la croissance rapide et incontrôlée des tumeurs.
Stratégies thérapeutiques anticancéreuses
Parallèlement, un dysfonctionnement télomérique avec une télomérase inactivée peut forcer les cellules cancéreuses à rentrer en sénescence et atteste de l’intérêt pour des stratégies thérapeutiques anticancéreuses qui cibleraient la télomérase et les télomères. Vouloir rallonger ses télomères avec des activateurs de télomérase est donc à envisager avec beaucoup de précaution et de discernement. Il ne faut pas vouloir rajeunir à tout prix et considérer cette enzyme comme un élixir de jeunesse.
Avant d'envisager une supplémentation, une bonne hygiène de vie peut contribuer à maintenir des télomères en bon état. Les principaux facteurs prédictifs de télomères courts à éviter sont une mauvaise alimentation (trop de sucres, d’oméga 6, de produits transformés), le manque de sommeil, le stress anxieux, la douleur chronique, la sédentarité, le surpoids le tabac, l'inflammation, les polluants, un manque de vitamine D.
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