Les femmes enceintes, comme celles désirant concevoir (en particulier par aide médicale à la procréation) doivent pouvoir être vaccinées contre le Covid-19 de façon prioritaire. Telle est la demande de deux sociétés savantes, le Collège national des gynécologues-obstétriciens de France (CNGOF) et le Groupe de recherche contre les infections pendant la grossesse (GRIF).
Leur plaidoyer s'oppose aux préconisations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui ne recommande pas de vacciner en priorité les femmes enceintes, mais seulement de le faire « au cas par cas », a précisé la Pr Élisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS. Dans ses recommandations écrites sur la stratégie vaccinale contre le Covid-19, la HAS indique - concernant les vaccins de Pfizer/BioNtech et de Moderna - que, « en l’absence de données robustes sur la tolérance et l’efficacité de ces deux vaccins au cours de la grossesse, l’utilisation chez la femme enceinte doit être envisagée seulement si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus » et qu’il « est conseillé de ne pas vacciner durant l’allaitement ».
La demande des gynécologues en faveur de la vaccination les femmes enceintes s’appuie sur le fait que « l’infection à SARS-CoV-2 pendant la grossesse est une source de morbidité non négligeable et que la grossesse est un facteur de risque de gravité, avec plus de risque de détresse respiratoire, d’hospitalisation en soins intensifs, d’intubation, et un risque de prématurité induite ». Le CNGOF estime que « dans ce contexte, bien qu’aucune étude sur l’efficacité et la tolérance de la vaccination n’ait eu lieu pendant la grossesse, il n’existe pas de raison a priori de penser que les femmes enceintes doivent être exclues des campagnes de vaccination ». Ceci est « encore plus vrai en cas de facteur de risque surajouté comme le surpoids ou obésité, le diabète, l’hypertension ou une pathologie cardiaque notamment », ajoute-t-il.
Pas d'effet tératogène
Pour le collège, il n’existe pas d’argument scientifique en défaveur de la vaccination durant la grossesse. D’une part, les vaccins proposés ne sont pas des vaccins vivants atténués et n’ont pas de raison d’être contre-indiqués. D’autre part, des études chez l’animal n’ont pas montré d’effet tératogène, ni aucun effet sur la reproduction. Enfin, les Américains ont été moins frileux, « la FDA ayant autorisé la vaccination des femmes enceintes », évoque le CNGOF.
Pour les gynécologues, le principe de précaution invoqué par la HAS pour déconseiller la vaccination SARS-CoV-2 dans cette population risque donc de décrédibiliser sans raison la vaccination, et d’avoir un impact négatif fort sur la santé des femmes enceintes. Ils demandent donc que cette vaccination soit recommandée en priorité chez les femmes enceintes, avec bien sûr le recueil de leur consentement éclairé après information loyale sur les avantages et inconvénients de cette vaccination, et un suivi des patientes vaccinées afin d’évaluer la tolérance du vaccin, comme pour tout autre patient.
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