Chaque année, environ 6 300 cas de cancers liés aux HPV (col de l'utérus, ORL, anus, vulve, vagin et pénis) sont diagnostiqués en France, entraînant 2 900 décès. Environ 80 % des femmes et des hommes sont exposés à ces virus au cours de leur vie. La vaccination, disponible en France depuis 2007, est fortement recommandée et remboursée (à 65 %) pour les filles mais aussi, depuis janvier 2021, pour les garçons entre 11 et 14 ans avec rattrapage jusqu'à 19 ans, voire 26 ans pour les hommes ayant des relations avec des hommes.
Mais sa généralisation est laborieuse : en 2020, seulement 41 % des adolescentes avaient reçu une dose à 15 ans (versus 35 % en 2019), elles étaient 33 % à avoir un schéma complet à 16 ans (versus 28 % en 2019), alors que l'objectif du plan cancer 2014-2019 visait une couverture de 60 %. Quant à la proportion de garçons vaccinés contre les HPV, elle est « insignifiante », déplore la Ligue. Et au niveau mondial, seulement 13 % des jeunes filles sont entièrement vaccinées, s'est alarmée récemment l'Organisation mondiale de la santé.
Des parents très réticents
Le sondage de la Ligue confirme l'impopularité du vaccin. Ainsi, 24 % des Français ne sont pas convaincus par la vaccination des filles contre les HPV et 30 % par celle des garçons.
Plus inquiétant, les parents sont les moins convaincus, avec 31 % d'entre eux réticents à l'égard de la vaccination des filles et 35 % pour celle des garçons, des taux qui frôlent les 40 % lorsque leurs enfants ont moins de dix ans. Cela pourrait s'expliquer en partie par un manque d'informations : 51 % des parents ne se sentent pas bien informés sur les risques liés aux HPV, voire 57 % pour les parents d’enfants de moins de 10 ans. Quelque 28 % des personnes interrogées vont même jusqu'à se déclarer opposées à la vaccination contre les papillomavirus, alléguant un manque de recul (46 %), des risques d’effets secondaires (41 %), un manque de preuves sur l’efficacité du vaccin HPV (39 %). Les parents expliquent aussi leurs réticences par le manque de connaissances sur les effets à long terme (41 %), le manque d’informations (40 %), et le risque d’effets secondaires de type réactions allergiques et infertilité (36 %).
Plus largement, ces résultats reflètent un sentiment de défiance exacerbé depuis la crise du Covid-19 : qu'ils soient opposés ou non aux vaccins HPV, les répondants sont 44 % à estimer que leur confiance en la vaccination s'est érodée, voire 54 % pour les parents, qui craignent des effets secondaires. Seul le médecin traitant reste un interlocuteur de confiance, puisque 76 % des répondants déclarent qu'ils suivraient son avis s'il recommandait la vaccination HPV de leur enfant, voire 81 % des parents d'enfants de 11 à 19 ans.
Une campagne de sensibilisation avec Escape game
« Ces résultats sont alarmants : ils démontrent les incompréhensions existantes sur les infections à HPV et les vaccins. La prévention et la sensibilisation doivent être renforcées, en particulier auprès des publics les plus éloignés de l’information », commente Daniel Nizri, président bénévole de la Ligue contre le cancer, répétant que « les vaccins contre les HPV font partie des moyens efficaces et sûrs pour éradiquer cette infection et les cancers qu’elle génère ».
Pour rappel, les dernières études observationnelles ont montré en Suède, une réduction des lésions précancéreuses de 75 % chez les jeunes filles vaccinées avant 17 ans par rapport aux non-vaccinées, et en Australie, où le vaccin est administré aux deux sexes depuis 2005, la proportion de personnes infectées par les HPV est passée de 23 % à 1,5 % en 10 ans.
Du 25 au 30 avril, la Ligue lance une campagne d'affichage pour sensibiliser à la vaccination anti-HPV, ainsi qu'un mini-site interactif et un Escape Game sur ordinateur ou smartphone, qui propose une expérience immersive en fonction de la tranche d'âge (11-14 ans, 15-19 ans et adultes/parents).
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