L’HPV est responsable des cancers du vagin, de la vulve, du pénis, du canal anal, mais aussi des cancers des voies aérodigestives supérieures. Il touche les femmes et les hommes. « Chaque année, les virus HPV sont responsables de 6 000 cancers (4 000 pour les femmes, 2 000 pour les hommes) et de 3 000 décès (2 000 pour les femmes et 1 000 pour les hommes), soit autant que les accidents de la route, alerte Coralie Marjollet, Présidente de l’association Imagyn. Les cancers liés aux HPV sont aujourd’hui les seuls cancers évitables grâce à la vaccination mais elle est efficace lorsqu’elle est administrée avant le début de la vie sexuelle précise la présidente. Plus elle est initiée tôt, plus le taux de cancer est réduit. Le vaccin devrait rentrer dans le calendrier vaccinal avec les autres vaccins dès le plus jeune âge (9 ans comme dans la majorité des pays européens). »
Vacciner avant 17 ans
Une récente étude suédoise relative à l’incidence des cancers du col invasifs entre des jeunes filles vaccinées et non vaccinées pour les HPV montre une réduction de 88 % des cancers du col invasifs lorsque la vaccination était commencée avant l’âge de 17 ans et de seulement 53 % si la vaccination était commencée entre 17 et 30 ans. En France, si la prise en charge des jeunes garçons et des jeunes filles est préconisée à partir de 11 ans, la vaccination HPV a du mal à décoller : seul un tiers des jeunes filles de 16 ans a reçu un schéma vaccinal complet en 2020. Un chiffre bien en deçà des taux observés à l’étranger : 80 % des jeunes Australiennes sont vaccinées contre le HPV, 90 % des filles et 70 % des garçons en Espagne. « Une défiance qui s’explique, notamment, par le contexte socioculturel français constate le Docteur Gwenaël Ferron, vice-Président de la Société Francophone de Chirurgie Oncologique (SFCO), la sexualisation de la maladie jette le voile sur ces cancers de la honte et a un impact fort sur le taux de vaccination. »
Pour l'instant on est très loin d'une campagne organisée pour essayer de rattraper les autres pays. Afin d’éradiquer ces cancers, les pharmaciens, les sages-femmes et les infirmiers doivent être autorisés à prescrire et vacciner contre le HPV dès 11 ans. « La vaccination en officine est devenue pour tous une évidence. Notre disponibilité et nos compétences permettront de renforcer la couverture vaccinale contre le HPV comme nous l’avons fait pour la grippe ou pour le Covid, rappelle Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Les pharmaciens d’officine sont rompus à l’acte de vaccination, cet acte est autorisé à partir de 16 ans mais ils vaccinent déjà les enfants contre le Covid-19 dès l’âge de 5 ans, souligne-t-il. Notre objectif est d'obtenir pour le HPV une autorisation dès l’âge de 11 ans afin de donner toutes leurs chances aux personnes concernées. »
Multiplier les relais de communication
L'ensemble des professionnels de santé (gynécologues, médecins généralistes, pédiatres, pharmaciens, infirmiers, sages-femmes) doivent aussi se mobiliser pour promouvoir la prévention grâce au dépistage du cancer du col de l’utérus par la réalisation d’un examen cytologique (frottis) pour rechercher des cellules anormales et des cellules précancéreuses. Les femmes de plus de 30 ans ont aussi la possibilité, selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), de réaliser un test HPV à domicile pour rechercher la présence d'ADN viral dans le prélèvement. Il s’avère plus efficace que le frottis pour réduire l’incidence du cancer du col de l’utérus. Ce nouvel examen ne nécessite pas l’intervention d’un gynécologue et les autotests peuvent être envoyés directement aux femmes isolées qui ne bénéficient pas d’un suivi régulier. « La mise à disposition en officine de tests HPV sur autoprélèvement vaginal permettrait de renforcer le dépistage et la détection de lésions précancéreuses. En mettant ces tests à la disposition de nos patientes, nous permettons d’organiser prévention, détection et suivi. Nous allons le faire pour le cancer colorectal dans les prochains mois, pourquoi ne pas l’organiser avec l’assurance-maladie pour le HPV ? », s’interroge Pierre-Olivier Variot.
Intensifier la communication sur ces pathologies
L'autre moyen pour faire bouger les pourcentages et renforcer la sensibilisation de la population est d'intensifier la communication sur ces pathologies. Cet axe stratégique majeur selon Imagyn, l’USPO et la SFCO implique également l’assurance-maladie qui pourrait proposer une communication sur le site Ameli et faire la promotion du vaccin par tout autre moyen (courriers d'incitation). Des campagnes peuvent être envisagées dans la presse grand public mais également dans les pharmacies ou les cabinets médicaux. « Il faut multiplier les relais et les canaux d'informations avec des messages utiles et positifs qui mettent en garde contre les conséquences de la pathologie (mutilations) et rappellent la finalité de la vaccination, interpelle le président de l’USPO : c'est une arme pour sauver des vies, elle est dirigée contre le cancer et non contre la sexualité du patient. Plus ces informations seront visibles, plus nous aurons de chance de convaincre la population de l’importance de la vaccination. »
D'après une visioconférence de l'association Imagyn (Initiative de Malades Atteintes de cancers Gynécologiques), l'USPO (Union des Syndicats des Pharmaciens d’Officine), et la SFCO (Société Francophone de Chirurgie Oncologique).
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