La vidéo qui rend malade

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Publié le 29/02/2024
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On croyait avoir fait le tour de la question, et voilà que le Covid nous étonne encore. À quel point penser à une maladie peut rendre véritablement malade ? Le caractère psychosomatique et la force de l’autosuggestion étant les premiers « suspects » de ce phénomène. C’est, un peu résumée, l’assertion qu’ont récemment voulu vérifier les auteurs d’une étude dont les étonnants résultats sont parus dans la revue « Scientific reports ». Pour leur démonstration, les scientifiques sont partis d’un constat : l'immunoglobuline sécrétoire A (sIgA) présente dans la salive est l'immunoglobuline la plus souvent engagée dans le combat contre les agents pathogènes des voies respiratoires. Celle-ci peut donc jouer un rôle important dans la prévention des infections par le SARS-CoV-2.

Pour mieux comprendre la réponse de l'anticorps muqueux aux agressions, ils ont étudié le changement proactif de la sécrétion des IgA salivaires spécifiques du SARS-CoV-2 chez 45 personnes vaccinées et/ou précédemment infectées par le SARS-CoV-2, généralement en bonne santé (18 à 35 ans, 22 femmes). Originalité du stimulus : les participants ont été exposés à une vidéo sur la maladie montrant des humains éternuant, toussant, et fiévreux présentant ainsi plusieurs symptômes respiratoires typiques du Covid-19 dans des situations réalistes de risque de contagion accru. Résultat ? La vidéo « contagieuse » a déclenché une augmentation des IgA spécifiques de l’Ag Spike, qui étaient absentes après une vidéo de contrôle similaire avec des personnes en bonne santé. Autrement dit, le seul fait d’observer des personnes malades, entraîne une sécrétion accrue d’Ac spécifiques du Covid. En revanche, par le biais d’un questionnaire dédié, les chercheurs ont montré que cette augmentation était inversement corrélée à la répulsion et aux sentiments d'aversion à l’égard de la maladie lors de l'observation de personnes malades. Ce qui confirme qu’une propension accrue au dégoût et un sentiment aigu de répulsion peuvent suffire, à eux seuls, à limiter le risque de contagion en déclenchant de manière proactive des comportements d’évitement de la menace pathogène.


Source : Le Quotidien du Pharmacien